Deux praticiens ont témoigné pour le journal La Provence de leurs difficultés pour gérer les refus de transfusion sanguine de la part des Témoins de Jéhovah.
Le professeur Michel, chef de la réanimation pédiatrique de la Timone (Marseille), explique qu’en cas d’urgence un enfant sera toujours transfusé, mais s’il n’y a pas urgence d’autres solutions peuvent être envisagées avec les parents. Il rapporte ainsi le cas d’un enfant ayant subi deux lourdes interventions au lieu d’une « pour limiter le risque de recourir à une transfusion ».
Christel, ancienne anesthésiste a été plusieurs fois confrontée au refus catégorique de transfusion de Témoins de Jéhovah, même lorsque le pronostic vital était engagé. Mais quand une urgence se présentait, « ce qui se passait au bloc opératoire restait au bloc opératoire » souligne-t-elle.
La situation était plus embêtante pour les femmes qui venaient d’accoucher et qui risquaient de saigner dans les 48 heures. Si certaines maternités refusaient de prendre en charge des patientes qui refusent la transfusion, dans le service de Christel, les soignants s’arrangeaient pour éloigner le mari le temps de transfuser son épouse.
Pour Christel, son « métier était de sauver des gens, pas les tuer », mais ça ne l’a pas empêché d’avoir à faire face à des décès dus à ces circonstances particulières. Elle précise qu’elle et ses collègues ne sont jamais « parvenus à faire changer d’avis un Témoins de Jéhovah ».
Les alternatives mises en avant par la communauté, comme l’auto-transfusion ou l’utilisation d’EPO, seraient difficilement applicables ou peu efficaces en cas d’urgence.
(Source : La Provence, 31.08.2023)