La veuve d’un gourou accusée de prédation sexuelle sur des jeunes filles

Ken Dyers s’est donné la mort en 2007 alors qu’il était visé par de nouvelles accusations d’abus sexuels. Il dirigeait jusqu’alors avec sa femme Jan Hamilton le groupe Kenja Communications. La veuve a continué à tenir les rênes du groupe après la mort de son mari.

Kenja Communications se décrit comme un centre d’enseignement en spiritualité et en communication. Il organise aussi des compétitions sportives et des concours de musique. On retrouve ses centres à Sydney, à Melbourne et à Canberra.

En 1996, son fondateur Ken Dyers avait été accusé une première fois d’abus sexuels qu’il aurait commis sur sept jeunes filles durant des “sessions de transformation”, censées les débarrasser de leurs énergies négatives.

Au début de l’année 2021, une ancienne cadre du secteur bancaire, Michelle Ring, a révélé auprès du Sydney Morning Herald et de la revue The Age qu’elle aussi avait été violée par Dyers durant ces sessions, sur une période de sept ans, tout le long de son adolescence. Elle admet avoir menti lors du procès qui a eu lieu à l’occasion des premières accusations en 1996, et ce dans le but de le protéger. Puis le 11 octobre dernier, elle a déclaré devant un comité sénatorial que de nombreux adultes encore actifs au sein du groupe Kenja Communications avaient été au courant, voire témoins directs des abus qu’elle avait subis. Elle accuse également Jan Hamilton d’abus émotionnel.

Michelle Ring a précisé dans son témoignage que c’était Jan Hamilton qui repérait et attirait les jeunes filles au sein du groupe, qu’elle les emmenait ensuite dans une pièce où se trouvait son mari et dont elle gardait l’entrée.

Et une autre victime, Alison DeCamp, déclare qu’une femme, nommée “Personne 3”, était avec eux dans la pièce lorsque Dyers l’a abusée sexuellement à douze ans. “Je lui ai dit qu’il devait y avoir un autre moyen de régler mes problèmes. Il s’est mis à parler à Personne 3, en m’ignorant totalement et en parlant de moi à la troisième personne. Il a dit que mes réactions sexuelles spontanées étaient anormales.”

Michelle Ring a tenté de réclamer des dommages auprès de Kenja Communications par le biais du National Redress Scheme (le Programme de Réparation National), crée en 2018 à la suite d’une recommandation de la Commission royale d’enquête sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels sur enfants. Il s’agissait de permettre que les victimes bénéficient d’un suivi par des thérapeutes, qu’elles puissent se voir adresser des excuses et éventuellement recevoir un dédommagement financier de l’institution responsable de l’abus. Kenja Communication ayant refusé de rejoindre le programme, Michelle Ring n’a jamais obtenu ni excuses ni dédommagement.

Certains groupes ont rejoint le programme seulement lorsque le gouvernement les a menacés de leur retirer le statut d’association caritative. Or Kenja n’est pas enregistré sous ce statut. Michelle Ring pense « qu’il y a une faille exploitable dans cette affaire parce que la raison pour laquelle Jan parvient à rester dans cette organisation tient au fait que des adeptes [complices des abus], très loyaux, la soutiennent. » Mais elle a compris que le statut administratif du groupe les protégeait de cette possibilité.

Kenja a répondu à Michelle Ring par le biais d’un communiqué : “Nous nions la véracité de toutes les déclarations de Michelle Ring. Elles sont sans fondement et sont dégradantes. De plus, les allégations affirmant que d’autres adultes étaient au courant des supposés abus sont aussi sans fondement. Ceci est une atteinte terrible à la réputation de ces personnes.”

(Source : Brisbane Times, 11.10.2021)