La parentalité, cible privilégiée des PSNC

Les PSNC connaissent un engouement sans précédent. En cause : les déserts médicaux, le manque de temps médical, la défiance envers la science et un désir de retour à la nature. Un public semble particulièrement visé : les jeunes parents.

Claire Siret, présidente de la Section Santé Publique de l’Ordre des Médecins, le souligne : la grossesse et l’après-maternité représentent souvent une période de vulnérabilité. Les jeunes parents subissent notamment de multiples injonctions, notamment par les coachs parentaux, une profession en plein essor.

Membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire, Isabelle Kochert pointe également l’« offre de soins défaillante » et « des PMI [Protection maternelle et infantile] débordées ». La défiance des parents vis-à-vis de la médecine se serait également emballée avec la pandémie de Covid-19 et ses multiples décisions de santé publique contradictoires. Avec comme conséquence, des réticences de plus en plus marquées à faire vacciner ses enfants.

Les jeunes parents peuvent également être confrontés à un certain sentiment d’isolement face aux problèmes rencontrés par les nourrissons, qui peuvent les amener à tout essayer pour soulager leur nouveau-né. Et les PSNC regorgent de promesses : moins invasives, plus naturelles, offrant une meilleure écoute et permettant « la confiance en soi » des parents… Ces pratiques ont également tendance à pathologiser des symptômes pourtant courants, qui se résolvent généralement d’eux-mêmes : coliques, régurgitations…

Certaines PSNC sont parfois même prescrites par les médecins, comme l’homéopathie. Nicolas Winter, médecin aux urgences pédiatriques, explique : « On va, par exemple, en prescrire aux mamans qui ont des remontées de lait, alors que rien ne les arrête, sauf si l’enfant ne tète pas. ». Le médecin pointe également le manque de positionnement de l’ordre des médecins sur des PSNC controversées, telles que l’ostéopathie : « Ces pratiques devraient être régulées par notre ordre, qui fait défaut, alors que les recommandations scientifiques n’appuient pas ces alternatives ».

Toutefois, les PSNC peuvent présenter des risques, en particulier pour les plus jeunes patients : les manipulations crâniennes, de la face et du rachis sont interdites sur les enfants de moins de six mois sans diagnostic médical attestant l’absence de contre-indication. De même, certaines huiles essentielles sont contre-indiquées lors de la grossesse, l’allaitement, et jusqu’à 6 ans. Au-delà de ces risques directs, le recours aux PSNC peut participer à un retard de diagnostic, donc de prise en charge. Comme le souligne Emma, qui témoigne pour Le Parisien, » Sur l’ensemble des coachs consultés, aucun ne m’a conseillé de prendre un avis médical ». Les professionnels de la petite enfance alertent donc sur le manque criant de réglementation, que ce soit dans le domaine des PSNC ou celui du coaching parental. 

(Sources : Le Parisien, 14.03.2024 & Madmoizelle, 15.03.2024 & La Provence, 25.03.2024)