Nombre d’écoles évangéliques s’ouvrent chaque année en France. Leur statut d’établissements privés hors contrat leur permet de jouir d’une liberté pédagogique qu’elles ne sont pas près de céder : « Sous contrat, il faudrait faire une coupure franche entre les matières classiques et la foi, alors que pour nous, notre religion respire de toute part » explique Luc Bussière, président de l’AESPEF (Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones). Le pasteur Ichem Gaziz, responsable de l’une de ces écoles qui a ouvert ses portes dans le Lot-et-Garonne, en a bien conscience : « Notre création d’école est forcément hors contrat. Au bout de cinq ans d’existence, l’État proposera un contrat, qui a des avantages, par exemple, les professeurs sont salariés de l’État, et des inconvénients, nous sommes obligés de suivre les programmes. »
En effet, les programmes de ces écoles s’articulent différemment, surtout dans certaines matières. En Sciences et Vie de la Terre (SVT), les élèvent reçoivent a minima un apprentissage basé sur les connaissances requise par l’Éducation nationale sous le prisme de leur croyance. Un professeur de SVT en témoigne : « Au lieu de dire que, par le plus grand des hasards, l’homme descend du singe, on enseigne que Dieu nous a fait à son image ». En biologie, les maladies ne sont plus liées à des facteurs chimiques, biologiques ou psychologiques mais à la foi : « les maladies proviennent des droits donnés à Satan, aux origines. C’est l’absence de Dieu qui fait arriver les péchés ».
En Français, la lecture d’Harry Potter est déconseillée, le personnage est lié à Satan. Don Juan est enseigné mais comme exemple à ne pas suivre : « si une personne n’est pas jolie, à l’égal du héros de Molière, c’est qu’il a besoin de Dieu ».
Dans l’apprentissage de l’histoire s’immiscent des références à la Bible. Un professeur explique que « cela permet, par exemple, d’expliquer ce que la Révolution française a modifié pour les chrétiens. Le rejet de Dieu a débouché sur la séparation de l’Église et de l’État, puis sur la question de la laïcité ».
Source : Le Monde des Religions, 04.09.2014 & La Dépêche, 27.09.2014