Jugement pour abus de faiblesse

Le tribunal correctionnel de Périgueux a requis deux ans d’emprisonnement pour abus faiblesse à l’encontre d’Éric Dubois, président de la société Conscience évolution vitalité énergie (Ceve) basée à Chassaignes (Dordogne). L’accusé est mis en cause pour avoir usé de sa position afin de commettre des abus sur ses clientes. Le délibéré sera rendu le 15 avril 2020.

Éric Dubois se présente comme « thérapeute énergéticien ». Il organisait des séminaires de développement personnel et de méditation. Il prétend avoir suivi une initiation auprès de moines tibétains et avoir un don de clairvoyance. Son centre proposait des cours de qi gong, de réénergétisation corporelle, de réflexologie et d’harmonisation corporelle des énergies.

En 2013, quatre plaintes ont été déposées à son encontre conduisant à sa mise en examen en mars 2014 pour des faits de viols, agressions sexuelles et abus de faiblesse sur des personnes en état de sujétion psychologique. Les abus auraient eu lieu sous couvert d’ouverture du « chakra racine ». Dans leurs récits les quatre plaignantes ont décrit un processus de séduction, de diabolisation de l’entourage, de mise en confiance conduisant à asseoir l’emprise d’Éric Dubois. Devant le tribunal correctionnel, le dirigeant centre Ceve a expliqué que les rapports sexuels ont eu lieu dans le « cadre d’une relation sentimentale réciproque ». Ce qui a conduit une plaignante à interroger ironiquement sur le fait que ces rapports se déroulaient sur le lieu de travail de l’accusé et qu’elle lui remettait à chaque fois un chèque de 65 euros.

En 2018, un arrêt de la chambre d’instruction avait écarté la tenu d’un procès aux assises en se basant sur le fait qu’au moment des faits Éric Dubois n’était pas en capacité de percevoir l’absence de consentement. Cela explique pourquoi devant le tribunal correctionnel le prévenu répond uniquement à des faits d’abus de faiblesse et à aucune infraction en lien avec les abus sexuels.

L’association Femmes solidaires s’est portée partie civile pour venir en aide aux plaignantes. Elle a fait citer la psychiatre Marie-France Hirigoyen en qualité de témoin. Spécialiste de l’emprise et de la manipulation mentale, celle-ci a rappelé la mécanique d’emprise : le repérage de la vulnérabilité, la séduction, la culpabilisation, l’isolement, l’aliénation. En outre, elle a expliqué la technique du pied dans la porte utilisée par les manipulateurs pervers : il commence par une invitation à se dénuder pour des prétendues vertus thérapeutiques puis progressivement les requêtes prennent un caractère sexuel. Les personnes se sentent alors engagées et se voient culpabilisées en cas de refus. Pour la spécialiste, les victimes d’Éric Dubois ont perdu leur libre arbitre et leur esprit critique. Selon Marie-France Hirigoyen, le pervers narcissique et/ou sexuel « se sert de l’autre pour se compléter ». Ces personnes exercent leur emprise pour satisfaire leurs besoins et valoriser leur narcissisme.

(Sources : Sud Ouest 26.02.2020 & 27.02.202)

Lire les articles sur le site de l’UNADFI sur le Centre Conscience Évolution Vitalité Énergie (Ceve) : https://www.unadfi.org/mot-clef/centre-conscience-evolution-vitalite-energie-ceve/

  • Auteur : Unadfi