Inde – Arrestation d’un gourou controversé

La police indienne a arrêté Satguru Rampalji Maharaj, un gourou recherché par la justice qui l’accuse d’avoir, en 2006, ordonné à ses adeptes d’ouvrir le feu sur des villageois, faisant un mort et plusieurs blessés. Il est également accusé de complot, de provocation d’émeute et d’outrage à la justice. Au lendemain de son arrestation, il a été inculpé pour sédition.


 
N’ayant pas répondu à la quarantaine de convocations de la justice, les forces de l’ordre ont dû donner l’assaut dans son ashram situé à Hisar, dans l’Etat de l’Haryana, au nord-est de New Delhi. Plusieurs centaines d’adeptes ont résisté à leur offensive ripostant avec des jets de pierre et de cocktails molotov. Après plus de vingt-quatre heures d’un violent face-à-face, les policiers ont évacué 10 000 personnes pour beaucoup détenues contre leur gré. D’autres auraient été utilisées comme boucliers humains pour protéger le gourou. La police aurait interpelé entre 400 et 500 adeptes dont 250 membres composant l’armée privée chargée de la protection de Satguru Rampalji Maharaj. Deux mille seraient toujours retranchés dans l’ashram.

Satguru Rampalji Maharaj, ingénieur de formation, prétend être la réincarnation de Kabir, poète et mystique du XVe siècle. Il demande à ses disciples d’obéir à ses ordres, de ne pas vénérer les dieux traditionnels et ne pas participer à des “actions caritatives inutiles”. Rampal affirme également avoir “ramené des familles à la prospérité grâce à ses enseignements et avoir guéri des milliers de personnes souffrant de maladies chroniques”. Un homme a raconté être venu dans l’ashram avec l’espoir que le gourou soigne son mal de dos chronique mais les adeptes l’auraient empêché de repartir.
 
Sources : Le Point & Paris-Match, 19.11.2014 & Euronews & Nouvel Obs, 20.11.2014


L’Inde compte plus d’un milliard d’habitants et des dizaines de milliers de gourous. Il y a des gourous pour les riches et des gourous pour les pauvres. 

 
Nombre de personnes célèbres sont entièrement dévouées à leur gourou, comme le champion du monde de cricket, Sachin Tendulkar, disciple de Sai Baba. Plusieurs hommes politiques se tournent vers leur gourou pour prendre des décisions importantes.

Beaucoup de gourous sont également des entrepreneurs prospères. Ils possèdent des empires financiers dans la vente de médicaments traditionnels et autres articles de santé, dans les cours de yoga et autres thérapies spirituelles. Ils possèdent des écoles, des collèges et des hôpitaux. L’un d’eux, Gurmeet Ram Rahim Singh, gourou du Pendjab, se produit dans des concerts de rock et joue dans des films.

A côté de ces gourous masculins, une femme, Mata Amritanandamayi1, s’est rendue célèbre par ses étreintes faisant œuvre de bénédiction, de thérapie. Avec d’autres, elle pense pouvoir agir sur les personnes et l’environnement, offrant de l’eau potable, proposant des programmes pour les toxicomanes ou les anciens détenus ou promouvant le végétarisme.

Dans un pays en voie d’urbanisation et d’industrialisation, les gourous agissent comme des placebos sur la population. Les gens viennent à eux, pensant trouver de l’aide dans leurs problèmes quotidiens ou en cas de maladie. Car nombre de ces gourous promettent la guérison ; beaucoup de gens meurent mais la foi des adeptes persiste. Pour le sociologue Dipankar Gupta, ce phénomène n’est pas étonnant : “plus que les autres religions, l’hindouisme repose sur la magie” et “tant que la croyance en la magie et au miracle survivra et tant que les temps demeureront difficiles, les gourous indiens sont assurés d’une place au soleil.”
 
Source : BBC, Soutik Biswas, 19.11.2014