Plusieurs adultes ayant grandi dans un mouvement sectaire ont accepté de répondre pour BulleS à des questions sur leur enfance dans ce contexte. Lucas Le Gall, entré très jeune dans la Scientologie dont ses parents étaient des membres actifs, a témoigné de ses années d’adepte dans un livre passionnant.
Ses réponses à l’interview écrite de BulleS concernent plus particulièrement l’impact sur les enfants des maltraitances dues à l’appartenance sectaire des parents.
Dans quel mouvement avez-vous grandi ? Si vous êtes né(e) dans le mouvement, vos parents y étaient-ils depuis longtemps ? Si vous n’y êtes pas né(e), quel âge aviez-vous lorsque votre famille l’a rejoint ?
Je suis devenu « membre de la Scientologie » à l’âge de 10 ans, lorsque mes parents ont rejoint ce mouvement sectaire. J’y ai reçu mon premier cours avant l’âge de 11 ans, ai été contraint d’y travailler à mi-temps à l’âge de 13 ans puis à plein temps dès mes 14 ans.
Quelle était la place des enfants dans le mouvement ? Étiez-vous scolarisé(e) dans une école du mouvement ou à l’extérieur ?
Selon les préceptes de la Scientologie, les âmes (thétans dans leur jargon) n’ont pas d’âge, elles sont immortelles. Dès lors, un enfant même très jeune est considéré comme étant adepte à part entière. J’ai commencé à y travailler à 13 ans, mais j’ai vu des enfants bien plus jeunes encore être employés par la secte de la même manière qu’on y employait les adultes (responsabilités, horaires, contraintes, etc.) J’ai été scolarisé jusqu’à mon BEPC dans un établissement « normal » puis j’ai été extrait de l’Éducation nationale. Mais pour remplir l’obligation légale, mes parents m’ont inscrit à un institut délivrant des cours par correspondance, lequel est bien connu des sectes car jugé comme n’étant pas contraignant. En effet, cet organisme ne blâme personne en cas de devoirs non rendus ou de décrochage manifeste. En réalité, je n’ai donc suivi aucun des modules envoyés par cet institut pourtant agréé par l’État.