Luis Santamaría del Río, ancien prêtre, diplômé en théologie, membre du Réseau ibéro-américain pour l’étude des sectes (RIES), a été interrogé par le journal El Dia sur l’évolution du phénomène sectaire en Espagne.
Etudiant le sujet depuis 23 ans, il observe un développement et une diversification des mouvements sectaires favorisés par les nouvelles technologies qui leur ont permis de se rapprocher de leurs victimes.
Les sectes n’investissent pas que le champ du religieux, mais aussi celui du bien-être, de la santé, de l’éducation, de la philosophie…
Certaines ont été repérées au sein même des universités où elles ciblent des personnes avec un haut niveau intellectuel et qu’elles attirent en leur proposant un savoir exclusif, souvent lié à la sphère ésotéro-occultiste.
En ce qui concerne le domaine de l’éducation, il alerte sur les Ecoles Steiner qui attirent le public en proposant une pédagogie alternative. Mais il déplore que soit caché aux parents que cette pédagogie repose sur les préceptes de l’Anthroposophie, une doctrine spirituelle élaborée par l’ésotériste Rudolf Steiner. Pour Luis Santamaría del Río cela expose les élèves « au risque d’être plus vulnérables aux discours magiques, ésotériques et pseudoscientifiques à l’avenir ».
« La tromperie, la dissimulation et le leurre sont fondamentaux pour voir s’il s’agit ou non d’une secte » explique le spécialiste qui donne l’exemple d’un ex-adepte de la Nouvelle Acropole qu’il a suivi. Inscrit au départ à des cours de philosophie, il avait fini par saluer les responsables du groupe le bras droit levé.
Se prémunir contre les sectes n’est pas facile, mais certains points doivent alerter comme ce qui est « présenté comme une solution à tout et qui porte des noms pompeux ». « Plus la solution à un problème est simple, plus il faut se méfier » explique-t-il.
Si le passage dans une secte est dangereux à tout âge, il l’est particulièrement pour les enfants nés dans le groupe qui voient leur personnalité façonnée par la secte. N’ayant connu qu’un environnement sectaire, il leur est très difficile de se reconstruire quand ils en sortent. Plus généralement, les sortants de sectes ont besoin du support de professionnels pour les aider à passer le cap de la déception et du sentiment de honte qui les habitent souvent. Se « sentir trompés dans quelque chose d’aussi fondamental que le sens de la vie » est difficile à admettre et il existe peu de recours judiciaires contre cela car on entre dans le champ de la liberté de conviction. La seule solution pour obtenir réparation explique Luis Santamaría del Río est de prouver l’existence de délits et de crimes.
Le spécialiste conclut son entretien avec El Dia en soulignant les attaques des mouvements sectaires qui accusent ceux qui aident les victimes d’être des inquisiteurs ou d’exagérer les problèmes pour paraître dans la presse. Pourtant, constate Luis Santamaría del Río, les plaintes des victimes et de leurs familles ne cessent d’affluer.
(Source : El Dia, 02.01.2022)