Susan Shumsky a vécu vingt-deux ans au sein des ashrams de Maharishi Mahesh Yogi, fondateur de Transcendental Meditation (MT) et gourou des Beatles, des Beach Boys ou de Deepak Chopra (pour ne citer que les plus célèbres). La béatitude qu’elle a connue dans un premier temps s’est transformée en sidération : derrière la respectable secte orientale à l’apparente « zen attitude » se cachait une organisation totalitaire et coercitive.
Lorsque Maharishi a introduit la méditation en Occident en 1959, il a présenté la MT comme une technique simple, qui n’imposait pas un changement de vie, d’habitudes ou de croyances, avec la promesse que seules deux séances quotidiennes de méditation garantissaient la paix intérieure.
Suzan était fascinée par son aura : une personnalité charismatique et hypnotique. Durant six ans, elle a même fait partie de son cercle intime, ou plutôt de son personnel. Là, elle a connu « l’ascenseur émotionnel », les voyages aller-retour du paradis à l’enfer. Maharishi lui apparaissait tantôt comme la personne la plus importante de l’univers, tantôt comme le personnage le plus méprisable.
En août 1979 à Amherst (Massachusetts), Maharishi rassembla 2 600 méditants. Il les accusa de ne pas s’être suffisamment investis dans son « plan mondial pour la paix ». Selon lui, la déesse Mère de la Terre, en colère, avait menacé de détruire toute la population de la planète, menace qu’elle n’avait pas mise à exécution grâce à son intervention. Mais il était trop tard. Maharishi demanda à son auditoire de se préparer à fuir en urgence avec leur famille, de leur intimant l’ordre de rejoindre l’Iowa pour se préparer à une méditation de masse afin de sauver l’humanité.
1 000 d’entre eux ont obéi et sont partis à Fairfield (Iowa). Susan en faisait partie. C’est à ce moment que la secte a pris le contrôle de leurs vies. C’est à ce moment également qu’ils dépensèrent tout leur argent dans l’achat de cours ou produits MT, des achats de plus en plus couteux.
Chaque intervention (à distance) de Maharishi les plongeait dans la terreur. Il leur faisait inlassablement croire que s’ils n’adhéraient pas au programme, ils seraient responsables de l’holocauste nucléaire ou de la fin du monde.
Sa stratégie était incontestablement efficace. Maharishi a utilisé un appât très efficace, la flatterie : il les a convaincus de leur supériorité en leur attribuant des titres honorifiques tels que « Gouverneurs exécutifs ». Son règlement sclérosant et liberticide déterminait chaque acte de la vie : quoi manger, quoi porter, où vivre, quoi croire, quoi dire, quoi lire et ne pas lire…
À mesure que Maharishi développait le culte de sa personnalité, se développait l’attitude clanique et élitiste des adeptes qui pensaient que la MT était la seule voie vers l’illumination et que Maharishi était le seul vrai maître.
Ils vivaient dans la terreur du bannissement. La répression devenait de plus en plus accablante. La MT supprima de la bibliothèque tous les livres pouvant s’opposer à elle, y compris les livres sur la méditation ou ceux écrits par des gourous indiens. Les enfants ne pouvaient plus dessiner selon leur imagination.
Lorsque Susan a quitté le mouvement, elle fut bannie et ses amis membres de la MT reçurent l’ordre de ne plus lui parler. Devenue persona non grata, elle fut contrainte de quitter Fairfield et de tourner le dos à ce qui avait constitué plus de 20 ans de sa vie. Elle ne regrette rien ; elle a trouvé le chemin de l’autonomie.
(Source : Huffpost, 17.10.2018)
Lire sur le site de l’Unadfi, Que sait-on de ? Méditation Transcendantale : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/que-sait-on-de-meditation-transcendantale/