Six plaignants ont intenté une poursuite devant la cour fédérale de Salt Lake City(Utah) contre un homme ainsi que contre Brenda et Richard Miles, fille et gendre du président de l’organisation mormone Russell M. Nelson. Des accusations d’agressions sexuelles dissimulées sur de jeunes enfants qui avaient été rejetées il y a trente ans à la suite d’une enquête des forces de l’ordre refont aujourd’hui surface avec cette plainte.
La poursuite comprenait neuf pièces à conviction provenant des enfants ou des beaux-enfants de l’homme mis en cause, de leur mère et d’un psychiatre qui a soigné les enfants en 1986 juste après les faits. Trois enfants affirment avoir été abusés sexuellement par leur père, leur grand-mère paternelle mais aussi par Brenda et Richard Miles. Deux autres enfants n’ont pas le souvenir d’abus mais se souviennent que leurs frères et soeurs, leur mère et leur thérapeute leur avaient parlé de ces abus. Dans une interview, la mère raconte que la police n’a rien fait pour l’aider et qu’un ainé de l’Église leur a donné une bénédiction, leur demandant de pardonner de d’oublier.
L’avocat des plaignants, Craig Vernon1, invoque une dissimulation de l’Église mormone. Brenda et Richard Miles auraient utilisé leur position au sein de l’Église pour couvrir les crimes qu’ils ont commis. Devenu apôtre en 1984, l’actuel président de l’organisation aurait usé de son influence pour protéger le père des enfants ainsi que sa fille et son gendre. Il les aurait préservés des poursuites pénales et de l’excommunication de l’Église. Selon les plaignants cela a permis à leur père de se remarier et de maltraiter de nouveau les enfants de son deuxième mariage, qui se sont joints à la poursuite. La deuxième femme a alors signalé les agressions aux autorités et le père s’est suicidé avant que la police ne tente de l’arrêter.
Pour l’instant la poursuite ne nomme pas l’Église mormone directement mais Craig Vernon n’exclut pas d’inclure d’autres personnes au procès, notamment Russel M. Nelson.
Les époux Miles ont déposé une requête en irrecevabilité et nient toutes ces accusations affirmant que ces allégations sont fausses et horribles. Ils mettent en avant le délai de prescription. Leur avocat suggère que le thérapeute des enfants leur aurait induit des faux souvenirs.
Dans une déclaration, les mormons ont réagi, jugeant la poursuite sans fondement et offensante, et rappellant que dans les années 1980 les autorités avaient mené une enquête et n’avaient pris aucune mesure à l’encontre de l’organisation ou de ses dirigeants.
(Sources : Deseret News Utah, 03.10.2018 & Fox13, 03.10.2018)
1. Craig Vernon a déjà défendu plusieurs adeptes ou ex-adeptes dans des cas d’abus sexuels mettant en cause l’église mormone.