Des écoles sans écrans

Pourquoi des parents choisissent-ils de scolariser leurs enfants dans des écoles dites sans écrans ? Le site Dérives scolaires met en garde contre le discours apparent et la face cachée d’un mouvement.

En France, le premier à avoir parlé d’écoles sans écrans semble être le philosophe Bernard  Stiegler, dans un reportage télévisé qui expliquait que « ces écoles existent partout dans le monde » et affirmait que « si les pontes de la Silicon Valley y mettent leurs enfants c’est parce que, conscients des dangers de ce qu’ils produisent, ils en protègent leurs enfants ». Reportage illustré avec une école Steiner en France. Ce discours mérite de prendre un peu de recul. Oui, des cadres de la Silicon Valley choisissent la Waldorf School of Peninsula, une école coûteuse et atypique pour leurs enfants. Est-ce vraiment parce qu’il n’y a pas d’écrans ? Peut-être… Mais ce n’est pas du tout certain. Ce qui l’est par contre, c’est que cela ne pénalise pas leurs enfants qui ont tout ce qu’il faut à la maison pour compenser.

Doctrine ésotérique anti-technologie

Ce qui n’est jamais dit, sur les sites des écoles Steiner notamment, c’est la raison de fond qui conduit ces écoles à écarter les ordinateurs. Les pédagogues Steiner se défendent de transmettre l’anthroposophie aux élèves mais les principes pédagogiques et les rituels de la vie de l’école sont issus de la doctrine. Les écrans sont donc proscrits de ces écoles parce que, relevant de la technologie, ils seraient habités par le démon Ahriman qui « éloignerait les hommes de leur spiritualité en favorisant la superstition scientifique ». Selon cette doctrine, « la vie intellectuelle et les savoirs sont jugés dangereux, il faut leur préférer l’intuition qui vient directement des mondes spirituels ».

Si des cadres de la Silicon Valley scolarisent leur progéniture dans une école relevant d’une doctrine ésotérique anti-technologie, ce n’est peut-être pas pour les protéger. Peut-être ignorent-ils la nature d’une telle école faisant simplement le choix d’une école alternative coûteuse, réservée à une élite, pour offrir « le meilleur à leurs enfants »… L’anthroposophie, par contre, trouve dans cet exemple une illustration avantageuse de sa doctrine. 

Quoi qu’il en soit, la vigilance reste de mise. Il ne faut pas perdre de vue que les écoles Steiner, comme d’autres qui cherchent à endoctriner leurs élèves, craignent ce qui vient de l’extérieur et risquerait de trop remettre en question leur doctrine. Donc Internet, mais aussi plus largement l’éducation aux médias et à l’esprit critique, sont assez logiquement écartés de ces écoles particulières. S’il y a lieu de s’interroger sur le rapport aux écrans, il faut se méfier des nombreux mythes qui les entourent.  

(Source : Dérives scolaires, 19.02.2024)

A lire sur le site de l’Unadfi : Que sait-on de ? Le mouvement anthroposophique : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/le-mouvement-anthroposophique/

  • Auteur : Unadfi