Dérive meurtrière

Uncovered : The cult of Yahweh ben Yahweh, documentaire récemment diffusé par la Chaîne américaine Oxygen, explore la dérive, dans les années 1980, du groupe suprémaciste noir Nation of Yahweh vers l’extrémisme et l’ultra violence.

S’appuyant sur les témoignages d’ex adeptes, d’experts juridiques et des forces de l’ordre, ce documentaire met en lumière le rôle central du fondateur, surnommé Yahweh ben Yahweh, qui exerçait une emprise totale sur le groupe.

Fondée en 1979, par Hulon Mitchell Jr, le fils d’un pasteur, The Nation of Yahweh est une émanation du mouvement religieux Hébreu noir israélite. En apparence, son action se concentrait sur la réhabilitation des quartiers défavorisés de Miami durement touchés par la drogue, mais sa mission était avant tout spirituelle, Yahweh ben Yahweh s’étant donné pour objectif de vaincre les blancs et de « permettre aux Afro-américains de reconquérir leur Terre promise d’Israël ».1

La dévotion vouée à son dirigeant les démarque des autres Hébreux noirs. Ainsi Khalil Amani, un ex adepte, enrôlé à l’âge de 19 ans, s’est dès sa première rencontre laissé convaincre par le gourou envoutant, élégant et parlant très doucement en laissant sous-entendre sa nature divine.

Mais il a rapidement déchanté. Yahweh ben Yahweh contrôle tout : les mariages, les relations sexuelles, la nourriture. Il oblige ses adeptes à atteindre un quota mensuel de dons sous peine de punition, dont Khalil Amani a fait les frais. Les fautifs étaient confinés dans une pièce appelée la « salle d’entente » où, agenouillés pendant des heures sur un tapis très fin, ils étaient battus dès qu’ils montraient le moindre signe de faiblesse.

Grâce à ces rentrées régulières d’argent, le groupe s’est rapidement enrichi, se retrouvant à son apogée à la tête d’une fortune de 200 000 millions de dollars, et propriétaire d’un immeuble de quatre étages, de restaurants, de magasins d’hôtels et de centaines de voitures. 

Cependant, deux ans seulement après sa création, les violences se multiplient et des adeptes commencent à émettre des doutes sur sa direction. Daniel Borrego, un ancien inspecteur du Comté de Miami Dade, raconte que Yahweh « voulait que chaque noir assassiné, soit vengé par la mort d’un diable blanc ». Pour ce faire, le gourou constitua une troupe d’élite armée de machettes en acier. Pour prouver la véracité des meurtres, les membres devaient rapporter au gourou un morceau d’oreille de leur victime.
Cette troupe connue sous le nom de « cercle des dix », est aussi chargée de faire taire les opposants, surnommés « les hypocrites », en les passant à tabac. Plusieurs cas de décapitation ont été rapportés.

En 1985, Khalil Amani, terrorisé, fuit le groupe et se rend au FBI pour dénoncer tous les faits dont il avait été témoin. A la suite de cela, Yahweh ben Yahweh et plusieurs de ses partisans seront l’objet d’une enquête sur 23 meurtres, et finalement inculpés pour 14 d’entre eux en 1990. En 1992, Yahweh ben Yahweh, sur lequel portait aussi des accusations de pédophilie sur plusieurs petites filles, fut reconnu coupable de complot en vue de commettre un meurtre et condamné à 18 ans de prison. Au cours du procès, sa soeur et son neveu témoignèrent contre lui, confirmant qu’il avait poussé des membres à commettre des assassinats.

Ayant bénéficié d’une libération anticipée en 2001, il est décédé en 2007. Le groupe poursuit ses activités, mais affirme avoir abandonné ses idées racistes.

(Sources : Fox News, 09.03.2019 & Wikipédia)

1. Tryangle, 23.02.2014, https://www.tryangle.fr/nation-of-yahweh

Lire sur le site de l’Unadfi : Un groupe suprémasciste meurtrier : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/un-groupe-supremasciste-meurtrier/