Colombie / Un jeune britannique meurt lors d’un rituel au yagé

Un étudiant britannique de 19 ans, Henry Miller, est mort en Colombie des suites probables d’une absorption d’ayahuasca, ou yagé, boisson hallucinogène consommée lors de rituels chamaniques. Il faisait partie d’un groupe de touristes étrangers, venus à Putumayo, dans le sud du pays pour tenter l’expérience chamanique. Sa santé se serait détériorée après son initiation. Son corps a été abandonné sur une route.


Le colonel Ricardo, chargé d’élucider les causes de la mort du jeune Henry Miller, a précisé qu’il était désormais courant que des groupes de visiteurs étrangers participent à ces pratiques afin d’expérimenter « les effets que produit cette boisson ». Il a confirmé que deux jeunes membres de la communauté ont tenté de conduire Henri Miller au premier poste de secours mais que, dès qu’ils se sont aperçus que le jeune britannique était décédé, ils ont été pris de panique et ont abandonné son corps sur la route. Le médecin légiste chargé de son autopsie a confirmé que les causes de la mort étaient probablement liées à une réaction au psychotrope.

L’ayahuasca, illégale au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays, peut avoir des conséquences graves pour des personnes ayant des antécédents de maladies mentales. Il pourrait également être responsable du déclenchement de telles maladies chez des personnes prédisposées mais qui l’ignorent.

Mais en Amérique du Sud, l’ayahuasca fait partie intégrante de certaines sociétés tribales. En 2008, le gouvernement du Pérou l’a même reconnu comme patrimoine des peuples amazoniens.

Le « tourisme de l’ayahuasca » est déjà bien établi en Amérique du Sud : selon l’Organisation mondiale du tourisme, le nombre de touristes internationaux en Colombie est passée de 547 000 en 2002 à 2,175 millions en 2012. Pour le Dr Daniela Peluso, maître de conférences en anthropologie sociale à l’Université de Kent, la hausse du tourisme mondial contribue à l’essor de cette pratique rituelle.

Bien que les preuves scientifiques sur ses bienfaits cliniques soient limités, des avocats prétendent que l’ayahuasca, de plus en plus populaire, est un outil pour traiter les stress post-traumatique (SSPT), la dépression et la toxicomanie.

La ville d’Iquitos est l’épicentre de lieux de retraite, mais c’est aussi le « Far West » de l’ayahuasca. Les touristes peuvent acheter des tasses d’ayahuasca dans la rue. Les surdoses sont rares, mais certains habitants peu scrupuleux utilisent le psychotrope afin de mettre leurs proies dans un état de vulnérabilité et de confusion, se laissant voler ou agresser sexuellement sans qu’elles soient en mesure de se défendre.

Même au Pérou, l’ayahuasca doit être consommé dans le cadre d’une cérémonie et n’est pas censé être pris sans surveillance. La prise du yagé est par exemple incompatible avec des antidépresseurs.

Source : Actu Latino, 28.04.2014 & BBC News, 29.04.2014