Au Canada, les deux leaders des branches rivales de l’Eglise fondamentaliste de Jésus Christ des Saints des derniers jours, sont accusés de polygamie.
Ce mouvement fondamentaliste mormon est implanté au Canada depuis près de 60 ans dans le village de Bountiful, en Colombie-Britannique. Ses membres considèrent la polygamie comme un principe de la foi. Il y a plus de dix ans, la communauté s’est séparée en deux groupes menés par les deux hommes inculpés. Le premier, Winston Blackmore, exerce son pouvoir et son contrôle sur quelques 500 âmes depuis plusieurs décennies. Conformément à ses convictions religieuses, il a épousé 24 femmes. En août 2013, il a été condamné pour fraude fiscale. Il répartissait ses avantages fiscaux entre ses femmes et ses 67 enfants.
Le second, James Oler, a quatre épouses. Avec deux autres membres de la communauté, il est également accusé d’avoir sorti illégalement un enfant de moins de 16 ans du Canada dans le but d’abuser sexuellement de lui. James Oler entretiendrait des liens avec la communauté américaine de Warren Jeffs(FLDS). Il lui aurait emmené 13 filles mineures destinées à épouser des hommes plus âgés qu’elles.
Depuis le début des années 1990, la communauté fait l’objet de plusieurs enquêtes diligentées par la Gendarmerie royale du Canada, en lien avec des allégations de polygamie, d’abus sexuel et de traite d’enfants. En 2009, Blackmore et Oler avaient déjà été inculpés mais avaient obtenu l’abandon des poursuites par la Cour suprême de la Colombie-Britannique car la loi anti-polygamie, ne garantissant pas la liberté reli-gieuse, avait été jugée inconstitutionnelle.
Depuis, le juge en chef Bauman a conclu des différents rapports que les violations anticonstitutionnelles engendrées par la loi anti-polygamie du Canada sont « justifiées dans une société libre et démocratique », confirmant de ce fait l’interdiction de la polygamie. Avec ses conclusions, la Cour suprême de la Colombie-Britannique devrait donc pouvoir poursuivre Blackmore et Oler.
Ces rapports ont également révélé que les femmes vivant des relations polygames encourent des préjudices physiques et psychologiques. Elles font face à un taux élevé d’abus et de violences conjugales et sexuelles.
La mortalité infantile y est également plus élevée. Les enfants souffrent de problèmes physiques, psychologiques et comportementaux. Leur niveau d’instruction est inférieur à celui des enfants des familles monogames.
(Sources : CBC News, 13.08.2014 & La Presse.ca & NationalPost, 14.08.2014 & Le Nouvelliste, 15.08.2014)