Abus sexuels chez les bouddhistes : vers la fin de l’omerta ?

Accusé de viol par deux anciennes disciples lors de retraites dans un centre bouddhiste en France, un moine lama sera prochainement jugé aux assises du Puy-de-Dôme.

Manon (dont le prénom a été changé) et une autre femme ont déposé plainte pour viol contre un célèbre ancien moine bouddhiste. Les faits remontent au début des années 2000, alors que les deux femmes fréquentaient un centre bouddhiste dans le Puy-de-Dôme. Manon se rappelle avoir été rapidement prise sous l’aile du lama, suscitant l’envie parmi les autres pratiquants : « il me montrait un intérêt que je n’avais jamais reçu ». Elle sera bientôt entièrement à son service : « chauffeur, secrétariat », mais aussi rapports sexuels à répétition. Lorsqu’elle trouve la force d’en parler à un supérieur, on lui répond qu’il fait ça « pour [son] bien ». Son histoire ainsi que celle d’autres femmes également maintenues dans une relation d’emprise avec le même lama s’ébruitent dans le centre, qui ne s’exprimera qu’ « à demi-mot » sur les faits. « Sidérée », Manon ne parviendra à porter plainte qu’en 2017.

« Peu d’histoires comme celle-ci sortent », déclare Marion Dapsance, anthropologue, spécialiste du bouddhisme, autrice des Dévots du bouddhisme. Elle indique que les « moines agresseurs […] jouent sur ce flou » qui existe autour des notions d’abstinence, de pratique tantrique et d’éveil. Le documentaire Bouddhisme, la loi du silence, sorti en 2021, a contribué à faire connaître le sujet. Selon Nicolas Silhé, chercheur au centre d’études himalayennes, « les abus sexuels dans le bouddhisme sont un chapitre qui est en train de s’ouvrir ». 

(Source : leparisien.fr, 07.06.2023)

  • Auteur : Unadfi