Un thérapeute spirituel interdit de dispenser des soins

Denis Wayne Jensen, guérisseur spirituel autoproclamé, a demandé à une femme atteinte d’un cancer du pancréas d’arrêter son traitement. Il a prétendu pouvoir la guérir en utilisant des remèdes alternatifs. Les autorités australiennes ont interdit à ce guérisseur d’importer, fabriquer ou mélanger tout produit susceptible de guérir le cancer ou une autre maladie grave.


Selon le commissaire aux plaintes relatives à la santé, le guérisseur aurait fourni du B17 comme supposé remède à une femme pour soigner son cancer du pancréas. La femme est décédée quatre mois après avoir eu rendez-vous avec Denis Jensen. Le B17 se trouverait dans les noyaux de certains fruits, notamment les abricots. Selon les partisans des vertus du B17 pour guérir le cancer, cette substance n’est pas utilisée en raison d’un complot visant à protéger les profits des grandes compagnies pharmaceutiques. Mais selon des études scientifiques aucune donnée clinique ne permet de conclure aux bénéfices de cette substance, elle représenterait même un risque important d’empoissonnent au cyanure. La Therapeutic Goods Administration1 a déclaré que le B17 était interdit d’utilisation en tant que produit thérapeutique et présentait des dangers pour la santé. Pourtant des sites proposent des cures de vingt-et-un jours de B17 pour les patients atteints du cancer. Censées détruire les cellules cancéreuses, elles coûtent 4 760 dollars.

Le guérisseur avait déjà attiré l’attention des autorités pour avoir utilisé un traitement alternatif basé sur une pâte corrosive appelée baume noir. Ayant prescrit ce remède à une femme qui est décédée peu de temps plus tard d’un cancer de l’ovaire, il avait alors déjà reçu une interdiction de dispenser des soins de santé.

En réponse aux accusations et aux interdictions d’exercice, le guérisseur a affirmé qu’on lui refusait le droit de guérir, qu’on lui enlevait ses droits religieux et que les autorités protégeaient l’industrie de la chimiothérapie qu’il considère comme un « poison toxique ». Il affirme bénéficier du soutien des Nations Unies et nie avoir poussé la femme à l’abandon de soins.

Cette affaire a permis aux autorités de lancer un avertissement aux charlatans qui s’en prennent aux personnes malades et vulnérables. Le directeur général du Cancer Council Victoria rappelle que, à la recherche d’espoir, les personnes atteintes d’un cancer se tournent parfois vers des solutions auxquelles elles n’auraient pas songé. Il met en garde contre les remèdes miracles proposés sur Internet, ajoutant que si tous ces soins étaient à la hauteur de leur prétendues vertus les cancers seraient déjà éradiqués.

(Source : The Age, 24.01.2019)

1. L’organisme de réglementation des produits thérapeutiques en Australie.

2. Organisme à but non lucratif qui vise à réduire l’impact du cancer dans la région de Victoria