Un rapport de l’Ordre des médecins alerte sur les dérives des PSNC

L’explosion des propositions de soins alternatifs a amené le Conseil national de l’ordre des médecins à se pencher sur les dérives qu’ils peuvent occasionner. Publié à la veille de la première réunion du comité d’appui pour l’encadrement des pratiques non conventionnelles de santé (PNCS) organisé sous l’égide des ministères de la Santé et de l’Intérieur, le rapport Pratiques de soins non conventionnelles et leurs dérives1 dénonce un secteur « ni encadré, ni surveillé » et propose des pistes pour qu’il soit mieux réglementé.

Le sujet est crucial, en effet, un récent sondage2 réalisé par Odoxa, pour l’Unadfi a montré un fort engouement des français pour ce type de pratiques. Près de la moitié d’entre eux ont recours aux pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) et, plus inquiétant encore, 70% en ont une bonne opinion et 57% les considèrent au moins aussi efficaces que la médecine conventionnelle.

Même si 84% conserve une bonne image de la médecine conventionnelle, pour l’Ordre il est temps de faire le tri entre les pratiques qui sont dangereuses et celles qui peuvent présenter un intérêt pour les malades tout en ne les cantonnant qu’au domaine du bien-être.

Le rapport plaide pour un encadrement plus strict des pratiques de bien-être afin qu’elles n’aient plus prétention à se substituer à la médecine. Il souhaite aussi que les termes « médecine » et « docteur » soient eux aussi encadrés. En effet selon le professeur Edzard Ernst « beaucoup [de praticiens] jouent sur le flou de la frontière autour de la notion de bien-être » et en profitent pour traiter des malades atteints parfois de pathologies lourdes.

L’Ordre est très sollicité sur les PSNC, surtout depuis la pandémie de Covid 19. Le Dr Claire Siret, en charge du dossier, a recensé 1 700 signalements auprès du Conseil en 2022. Selon elle la pandémie, qui aurait amené certains à un retour à la nature, aurait favorisé l’attrait pour des thérapies répondant à cette aspiration. « La pénurie de soins » et le manque de temps des médecins pour écouter leurs patients pourraient aussi expliquer le succès des PSNC.

Face à ces constats, l’intérêt du rapport est de rappeler la législation en matière d’exercice illégale de la médecine qui peut s’appliquer à de nombreuses dérives constatées dans le champ des PSNC.

Ce rapport a aussi pour « objectif de sensibiliser les professionnels de santé à ces pratiques » explique Claire Siret. On trouve dans ses annexes des fiches signalétiques sur diverses méthodes de soin non-reconnues qui comprennent, outre un descriptif, la législation applicable à leur possibles dérives.  

(Source : L’Express, 27.06.2023)

1. Lire le rapport du Conseil national de l’Ordre des médecins : https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/external-package/rapport/4xh6th/cnom_psnc.pdf

2. https://www.unadfi.org/wp-content/uploads/2022/11/Les-Francais-et-le-phenomene-sectaire-Sondage-Odoxa-Unadfi.pdf

  • Auteur : Unadfi