Un business reposant sur la croyance

Guillermo Quindós Andrés, professeur de microbiologie médicale à l’Université du Pays Basque, a analysé pour le site The Conversation le marché lucratif que représentent les pseudo-thérapies en Espagne et a tenté de comprendre l’engouement autour d’elles.

Pour le professeur, le nombre de pseudo-thérapies ne cesse d’aug­menter car elles génèrent d’impor­tant gains économiques pour leurs praticiens. L’Observatoire contre les pseudosciences, les pseudo thérapies et l’intrusion de mouve­ments sectaires dans la santé de l’ordre des médecins espagnol dé­finit ces pseudo-thérapies comme une « proposition visant à guérir des maladies, soulager des symp­tômes ou améliorer la santé, basée sur des critères sans preuve scien­tifique ». Selon un sondage réali­sé en 2018, un répondant sur cinq aurait eu recours à ces médecines alternatives. De plus une personne interrogée sur cinq estime que l’ho­méopathie et l’acupuncture sont de nature scientifique. Les pseu­do-thérapies véhiculent parfois des idées contraires aux outils de santé publique tels que les vaccins. L’ar­ticle estime qu’en Espagne 3.3% de la population estiment que leur uti­lité est faible ou nulle.

Guillermo Quindós Andrés pense que le succès de ces pratiques de soins alternatives repose sur le fait qu’elles offrent au patient un envi­ronnement relaxant et une atten­tion personnalisée générant un ef­fet placebo, mais elles ne se basent sur aucun socle scientifique rigou­reux. Elles s’appuient sur un dis­cours captivant et des dogmes ré­futant la science. Un grand nombre de ces techniques exige que le malade ait foi en son pseudo-thé­rapeute créant ainsi une sorte de croyance religieuse.

L’universitaire aborde aussi l’idée de commerce derrière ces pra­tiques. Il prend l’exemple de l’ho­méopathie : derrière la vente de ces produits se cachent des mul­tinationales gagnant des milliards d’euros. Il pointe aussi du doigt les différents coupables de la prolifé­ration de ces techniques : les célé­brités, les gourous, les médias qui en exagèrent les prétendues vertus et les combinent à des informa­tions sensationnalistes, mais aussi la communauté scientifique qui n’aborde pas leur caractère non scientifique. Par exemple, certaines universités dévalorisent leur ensei­gnement scientifique en proposant des cours liés à ces pratiques de soins non conventionnelles.

Pour conclure, Guillermo Quindós Andrés affirme qu’un médecin ne devrait jamais recommander de pratiques de soins non convention­nelles car il tromperait ses patients venus le voir dans le cadre de son statut de professionnel de la santé. Il rappelle qu’il faut être conscient que ces pratiques peuvent cau­ser des dégâts et des dommages irréversibles pour la santé des pa­tients.

(Source : The Conversation, 02.01.2020)

  • Auteur : Unadfi