Fin décembre 2019, un mormon de 51 ans, originaire de l’Alberta, a été reconnu coupable de deux agressions sexuelles sur mineurs commises dans les années 1980.
Dans ses conclusion Johnna Kubik, juge à Lethbridge, ajoute que l’Église mormone aurait contribué à dissimuler les faits en ordonnant à l’agresseur de ne pas se dénoncer à la police.Les faits se sont déroulés entre 1986 et 1993 alors que les victimes avaient entre huit et treize ans.
En 1987, alors qu’il était missionnaire, rongé par la culpabilité l’abuseur avait confessé ses crimes à un président de mission ainsi qu’à un évêque mormon. Les deux hommes lui avaient intimé l’ordre de rédiger des lettres d’excuses pour régler l’affaire.
Finalement il a gravi les échelons de la hiérarchie mormone pour devenir évêque, et n’a jamais avoué ses crimes à son président car on lui avait dit « de les oublier et de passer à autre chose ».
Apprenant la nomination de son agresseur à un poste de haut niveau, l’une des victimes l’a dénoncé à la police en 2016 car elle craignait qu’il n’abuse d’autres enfants. Il a été démis de son poste d’évêque.
Cette même année, l’ancien évêque avait été condamné à deux mois de prison pour des infractions sexuelles perpétrées alors qu’il était encore mineur. Puis il a été jugé pour trois autres crimes commis à l’âge adulte
En liberté sous caution, l’accusé attend de connaître sa peine.
Au même moment une autre affaire secoue l’Église mormone de l’Oregon. Une femme a porté plainte contre l’Église pour violation de de la confidentialité. Elle reproche aux mormons la dénonciation à la police de son mari qui avait avoué en confession avoir abusé de sa propre fille. La défenderesse réclame 9,5 millions de dollars « pour la détresse émotionnelle et la perte de revenu pour sa famille depuis que son mari purge une peine de 15 ans de prison.
Lorsqu’il s’était confié à aux dirigeants de sa congrégation, il avait suivi la règle de l’Église selon laquelle avouer une faute était le moyen de se racheter. La femme estime que sa famille a été trompée par l’Église parce qu’’elle ne l’avait pas prévenue que les faits seraient rapportés à la police.
Les dirigeants mormons se sont conformés à une loi de l’Oregon obligeant certains professionnels (médecins, employés d’écoles, membres du clergé) à signaler tout abus présumé. Cependant, les membres du clergé ne sont pas dans l’obligation de dénoncer des aveux faits en confession.
Christine Bartholomew, professeur à l’université de la Buffalo School of Law, s’inquiète du résultat de ce procès. Si la famille gagne, elle craint que cela entame les progrès qui avaient été faits concernant la dénonciation de crimes à caractères sexuels dans les Eglises. D’autres groupes religieux risquent de ne plus partager les informations dont ils disposent sur les agresseurs d’enfants.
(Sources : Abc, 24.12.2019 & Religion News, 08.01.2020)