Un annuaire douteux des PSNC

Créé en 2016, le site Médoucine ressemble à un Doctolib des médecines douces. Cette startup semble privilégier son développement avant la fiabilité des pratiques proposées.

Le principe de ce site web est de permettre la prise de rendez-vous pour des consultations avec des praticiens de diverses pratiques de soins non conventionnelles. Il revendique plus de 2 000 praticiens référencés. Le site propose aussi des formations payantes pour développer son cabinet de thérapeute et élargir sa clientèle. Derrière cette vitrine, se cache une importante machine à profit grâce aux abonnements mensuels, et aux frais d’inscription pour les praticiens qui payent pour se voir référencés.

Une youtubeuse interne en médecine a réussi à l’aide d’un faux certificat de naturopathe à s’inscrire sur le site jusqu’à l’étape du paiement, demandant si elle pouvait mentionner qu’elle pratiquait le Yahis Idoni. Le site a accepté… alors que cette pratique n’existe pas. Parmi les 25 employés de la structure aucun ne possède de formation médicale, l’inscription des praticiens s’effectue uniquement par un biais administratif et déclaratif. Le manque de vérification peut s’avérer dangereux car de nombreuses pratiques référencées sur la plateforme peuvent relever de l’exercice illégal de la médecine et surtout éloigner des personnes malades de leurs parcours de santé.

Mathieu Repiquet, membre du collectif FakeMed, a enquêté sur ce site, montrant par exemple que la fiche sur l’homéopathie du site ne cite que les études favorables. A propos de l’iridologie qui permettrait de déterminer l’état de santé d’un individu via l’observation de son iris, l’Ordre des médecins rappelle que la pose d’un diagnostic par un praticien qui n’est pas médecin constitue un exercice illégal de la médecine.

Médoucine précise que les pratiques référencées sur son site sont complémentaires et ne remplacent pas la médecine, mais « si des actes à visée curative ont lieu de manière répétée pendant les consultations, il s’agit d’exercice illégal de la médecine » souligne un membre de l’Ordre des médecins.

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) rappelle que les pratiques disponibles sur la plateforme ne sont pas fondées scientifiquement et que bon nombre ont déjà fait l’objet d’alertes par la mission qui a reçu trois signalements concernant le site depuis 2020. On y trouve par exemple des praticiens du décodage biologique, méthode fondée par Ryke Geerd Hamer qui a été condamné en Allemagne et en France pour exercice illégale de la médecine. Une géobiologue lithothérapeute vends des pierres cristaux et des bracelets aux différentes vertus (lutter contre la dépression, former des globules). Pourtant de nombreuses condamnations ont déjà été prononcées à l’encontre de lithothérapeutes et la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes : NDLR) considère cette pratique comme une pseudoscience.

De nombreuses méthodes présentent des risques pour des personnes en recherche de soins et vulnérables qui peuvent être trompées. Analysant les termes utilisés, Cyril Vidal, président de FakeMed souligne que « médecine douce » donne une consonnance médicale aux propositions du site. Médoucine ne peut pas utiliser le terme de patient, car les pratiques dispensées ne sont pas médicales, et utilise par conséquent le terme de client.  (Sources : L’Express, 17.11.2021 &Marianne, 19.11.2021)

  • Auteur : Unadfi