Sous l’emprise de naturopathes, plusieurs personnes décèdent

En France et en Suisse, des naturopathes « star » sont mis en cause dans le décès de leurs clients.

Le site Allo Docteurs rapporte ainsi le témoignage d’une jeune femme dont le compagnon, atteint d’un cancer des testicules, est décédé à seulement 41 ans. Après le diagnostic, cet homme s’oriente vers le naturopathe Miguel Barthéléry. Cet expert autoproclamé du cancer décrédibilise la médecine conventionnelle auprès du malade insistant notamment sur l’inutilité de la chimiothérapie et de l’opération de retrait du testicule pour sa guérison. Pendant un an, le malade suit donc un protocole strict basé sur une succession de jeûnes et de purges. En quelques mois, il perd 27 kilos et atteint le poids critique de 53 kilos. Hospitalisé, il suit un protocole de chimiothérapie pour tenter de contrer, sans succès, un cancer déjà métastasé. Suite au décès, sa conjointe a porté plainte contre le pseudothérapeute Miguel Barthéléry qui a été condamné à 2 ans de prison avec sursis, 5 000 euros de dommages et intérêts et l’interdiction d’exercer sa pratique.

Cette affaire fait écho à une enquête suisse actuellement menée sur le naturopathe star Thomas Rau, après la survenue de deux décès suspects dans sa clinique en 2021. Ce médecin, qui a bâti sa carrière sur la promotion fervente de diverses PSNC, y prêche notamment la « médecine biologique ». La première victime est entrée en cure dans la clinique en bonne santé, hormis quelques troubles digestifs et des maux de tête. Elle souhaite se préparer à une nouvelle étape de sa vie, puisqu’elle doit bientôt devenir grand-mère. Durant son séjour, diverses perfusions lui sont administrées : d’abord de vitamine C et de traitements homéopathiques, puis d’une préparation contre la malaria. La dernière injection reçue est composée d’un traitement non autorisé en Suisse, pouvant causer des troubles de la coagulation sanguine, dont les effets secondaires auraient provoqué sa mort. Une autre patiente est aussi décédée quelques semaines avant cette affaire : venue pour une cure, elle aurait notamment reçu de la morphine. Malgré des effets secondaires extrêmes, Thomas Rau lui aurait formellement déconseillé de se rendre aux urgences ; la patiente décèdera quelques heures plus tard. Dans ces deux cas, les pratiques hasardeuses et la négligence de Thomas Rau sont mises en cause. Le Conseil d’Etat a été mis au courant de la situation mais, par manque de preuves concrètes, n’a pas donné suite à cette affaire. Le directeur de la santé du canton, de son côté, reconnaît une forme de laxisme vis-à-vis des PSNC liée au succès local de ces pratiques et promet un renforcement des contrôles.

En France, le nombre de signalements auprès de la Miviludes a doublé en six ans. Pour contrer ce phénomène, un projet de loi a récemment été présenté par le gouvernement : il propose notamment de créer le délit « d’incitation à l’abandon ou à l’abstention de soins ».  

(Sources : Allo Docteurs,  16.11.2023 & NZZ.ch, 18.11.2023 & 20 minutes, 22.11.2023)

  • Auteur : Unadfi