Point sur les PSNC avec le collectif NoFakeMed

Pierre de Brémond d’Ars, médecin généraliste et président du collectif NoFakeMed, propose une mise au point sur ces pratiques qui interrogent.

Le collectif s’est constitué en 2018, quand 124 médecins ont dénoncé dans une tribune du Figaro des pratiques « ni scientifiques ni éthiques, mais bien irrationnelles et dangereuses ».

Pierre de Bremond d’Ars explique les difficultés à définir ce qu’est une « Fake med ». Il pointe toutefois une caractéristique commune aux médecines alternatives, ou pseudosciences : « Ce sont des pratiques qui viennent emprunter à des choses utiles, mais qui se basent sur des postulats au mieux extrêmement optimistes, au pire farfelus et mensongers. » Ces postulats ne relèvent pas d’une démarche de construction par la preuve mais d’une démarche promotionnelle, où l’on estime que « si ça marche pour vous, c’est tant mieux ».« Ça ne se base pas du tout sur pas sur l’efficacité mesurable.  C’est de l’ordre de la croyance. »

Le médecin prend pour exemple la différence entre hypnose et hypnothérapie : « L’hypnose, c’est le détournement de l’attention. C’est un outil reconnu lorsque manié par des professionnels formés dans un usage adapté. » Il s’agit donc d’une pratique pouvant être utile, dont l’efficacité commence à être attestée, pour laquelle il existe des formations universitaires. « De là à dire que tout ce qui relève de l’hypnose est valide, c’est problématique, précise-t-il. Certains l’utilisent pour avoir une forme d’emprise, c’est un outil de plus en plus décrié. »

Quant à l’hypnothérapie, Bremond d’Ars la définit comme « la thérapie par l’hypnose », ce qui dit que l’hypnose soigne. Et là, il y a un danger selon le médecin, car l’usage du titre d’hypnothérapeute ou de praticien en hypnose n’est pas régulé : un professionnel du bien-être ou du coaching peut se dire hypnothérapeute après une formation plus ou moins sérieuse.

Quels sont les risques ? « De rester seul face au patient quand un confrère aurait fait mieux, répond le président du collectif, par exemple si l’on traite une dépression. C’est un problème de compétences, et donc une perte de chances pour le patient. ». Il pointe également le risque lié à la posture même du médecin : « Il peut adopter une position ascendante voire d’emprise, avec des risques de dérives sectaires.» 

(Source : France3, 20.04.2024)

  • Auteur : Unadfi