Le procès de Miguel Barthéléry, poursuivi pour exercice illégal de la médecine après le décès de deux de ses clients, a amené d’autres personnes à témoigner, dont des proches de personnes décédées qui avaient mis toute leur confiance dans les conseils du naturopathe.

Il y a Pascal, qui était atteint d’un cancer du foie mais qui dès sa première visite chez le naturopathe a décidé de ne pas donner suite : « Dès le premier rendez-vous, il m’a demandé d’arrêter tous les traitements, même ceux contre le diabète, car c’était chimique, et m’a promis que, si je l’écoutais, il allait vite régler tout ça. Je n’y ai pas cru. »

La mère de Pauline rapporte, elle, les étapes depuis la rencontre entre sa fille et Miguel Barthéléry jusqu’à son décès. Après un premier cancer en 2016, soigné dans le cadre d’un traitement classique, Pauline se tourne vers le naturopathe. Il lui fait acheter des extracteurs de jus qu’il vend lui-même, ainsi que des huiles essentielles vendues par la fille d’Irène Grosjean, dont il est un proche collaborateur. Quatre jours avant sa mort, Pauline pesait moins de 40 kg et se trouvait dans un état de fatigue extrême. Elle venait d’effectuer six jours de stage chez Miguel. Selon sa mère, « elle est morte de dénutrition au moins autant que du cancer. Je n’ai pas eu les moyens de prendre un avocat jusque-là. Mais je ne veux plus qu’il y ait d’autres victimes. »

Enfin, il y a la veuve de Simon, qui explique avoir eu l’impression que son mari s’était « enfermé dans une secte ». L’emprise s’est opérée dans un cadre intime, à distance, et a mené au décès de Simon selon sa femme : « Je manquais de preuves car tout se passait en visio plutôt que par messages, mais je tiens ce naturopathe pour responsable de la mort de mon mari ». Atteint d’un cancer à la gorge qui avait récidivé, Simon avait arrêté de prendre ses médicaments, ne jurant plus que par le programme de Miguel Barthéléry. En détresse respiratoire quelques jours avant son décès, il se retrouve aux urgences, où on découvre que les métastases se sont multipliées. La veuve se désole que le naturopathe n’ait eu comme seule explication à apporter « que le corps travaillait et que le cancer était en train de sortir, que c’était normal. »

Certains patients défendent les méthodes de Miguel Barthéléry. L’un affirme que le naturopathe l’a sauvé alors qu’après un coma de deux mois en 2015, tout le monde était persuadé qu’il allait mourir. Et un autre affirme que « il n’impose pas d’arrêter les traitements classiques ».

Un ancien collaborateur décrit le type de relation que le naturopathe établit entre ses patients et lui: « […] Irène ou Miguel promettent monts et merveilles. Mais c’est dangereux. Surtout que leur façon de faire est extrême. Miguel est très fermé sur la manière de s’alimenter, il n’a pas d’empathie. Le patient n’a pas le droit de craquer. »

Le naturopathe n’a pas interrompu son activité ni cessé de rencontrer ses patients durant le procès. Il a poursuivi les consultations dans son cabinet à Cachan mais a également supervisé début octobre un séjour de cinq jours pour plusieurs dizaines de ses patients, dans les Hautes-Alpes, à Névache. Ce séjour était organisé en collaboration avec son mentor Irène Grosjean, qui est en train de lui transférer sa patientèle. C’est une véritable affaire de famille : la fille d’Irène vend des huiles essentielles conseillées par Miguel, tandis que son fils s’occupe de la gestion des locaux où les séjours sont organisés.

Le vendredi 15 octobre, Miguel Barthéléry a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour exercice illégal de la médecine, et interdiction définitive d’exercer les métiers de naturopathe, de magnétiseur et de radiesthésiste. Il a fait appel de cette décision.

(Sources : Le Parisien, 14 &15.10.2021 & Aufeminin, 14.10. 2021)

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