L’Ordre des Infirmiers s’empare de la problématique des PSNC

La 25e Matinale de l’Ordre des Infirmiers a été consacrée au vaste sujet des dérives sectaires et thérapeutiques.

L’évènement, intitulé « Dérives sectaires et thérapeutiques : les détecter et les prévenir », a permis de rappeler quelques lignes du code de déontologie des infirmiers : «l’infirmier doit prodiguer des soins attentifs et fondés sur les données acquises de la science et lutter contre le charlatanisme »

Invité à cette matinée, Hugues Gascan du Groupe d’Étude du Phénomène Sectaire (GéPS), souligne la pénétration des PSNC dans les structures de soins, à plusieurs niveaux : la médecine pseudo-énergétique (et son risque d’emprise sur le patient) ; la pénétration des PSNC dans la médecine générale ; la pénétration des PSNC dans les CHU (en particulier dans la prise en charge de pathologies complexes) ; les Diplômes Universitaires (pouvant être un espace de promotion de ces pratiques) ; le DPC (Développement Professionnel Continu, infiltré par un grand nombre de PSNC) ; le monde associatif de soutien aux maladies chroniques (pouvant participer à la promotion de ces pratiques) ; les fondations des mutuelles de santé (soutenant l’implantation des PSNC dans des CHU ou des centres anti-cancéreux).

Les PSNC sont ainsi plus particulièrement légitimées quand elles pénètrent les espaces de soin conventionnels ou sont prescrites par des professionnels de santé. Les patients les plus à risque semblent être les personnes en fin de vie, les malades chroniques, mais aussi, plus largement, les individus en recherche de bien-être, en quête de sens ou d’amélioration dans leur vie sur le plan personnel ou professionnel. On observe aussi des risques de dérive autour de la parentalité et de la périnatalité.

Rodolphe Bosselut, avocat au Barreau de Paris, rappelle que toute pratique non conventionnelle n’est pas forcément sectaire : « Ce qui fait la pratique sectaire, c’est la mise sous emprise ». Cette notion est difficile à cerner, mais quelques signes peuvent alerter : changement brutal de discours ou de comportement, affirmation péremptoire de dogmes, isolement…

Les infirmiers sont donc invités, devant une pratique non conventionnelle qui interroge, ou lorsque le patient décide de cesser son traitement conventionnel au profit d’une PSNC, à s’adresser à la Miviludes ou à des associations comme l’Unadfi. Il leur est conseillé d’éviter les discussions frontales, en général vouées à l’échec et de chercher à tout prix à garder un lien de confiance avec ce dernier. Il peut également être judicieux de prodiguer des conseils simples, comme le fait ne pas arrêter son traitement.

Les infirmiers constituent ainsi la première ligne de défense et de vigilance face aux PSNC. Il semble donc primordial de mieux sensibiliser cette profession aux indices d’une dérive sectaire et de la former à faire remonter les faits par des signalements à la Miviludes ou à une association qui pourra s’en charger. Une enquête pourra ensuite attester de la mise sous emprise, en considérant un faisceau de critères caractéristiques.  

(Source : Infirmiers.com, 13.10.2023)

  • Auteur : Unadfi