La crise sanitaire profiterait-elle aux charlatans ? C’est la question que se pose le journal Sud-Ouest dans son édition du 23 février.
Michel Durenque, président de l’Ordre des médecins du Lot-et-Garonne, signale que l’Ordre n’a pas reçu « davantage de signalements de pratiques douteuses depuis le début de la pandémie et n’a pas décelé de liens directs entre la crise sanitaire et l’offre surabondante de soins alternatifs.
L’Ordre, qui s’assure du respect de la déontologie des médecins, n’a que peu de pouvoir de contrôle sur les praticiens non réglementés et Michel Durenque « constate que les pratiques de médecines dites alternatives se répandent de plus en plus sous couvert de prise en charge autour du bien-être ». Mais leur manque d’encadrement peut se révéler dangereux surtout lorsque des praticiens peu ou mal formés persuadent des malades d’arrêter leur traitement. Le président de l’Ordre se souvient du cas d’une jeune femme qui avait préféré s’en remettre à un magnétiseur après qu’une mammographie lui eut détecté un cancer du sein. Elle est morte deux ans plus tard sans avoir reçu de traitement. Le médecin est « très remonté contre la promotion de techniques non conventionnelles au détriment des connaissances scientifiques. »
Cependant, la Miviludes a, quant à elle, noté un regain d’activité de la part de gourous ou d’influenceurs qui lient la pandémie à une punition divine et l’Unadfi, qui a consacré deux hors-séries aux dérives sectaires liées à la Covid-19, prévient que « cette crise continue à être une véritable manne pour des irresponsables cherchant à renforcer l’adhésion de leurs adeptes, à en recruter de nouveaux voire à en récupérer d’anciens, et à vendre leur “bric-à-brac” idéologique qui représente une menace pour la santé et, plus largement, pour la société. »
Philippe Crouzet, le président de l’Adfi Lot-et-Garonne, l’antenne locale de l’Unadfi, reste très vigilant et s’inquiète de voir que « les internautes sont submergés par ce genre de praticiens en ligne, notamment sur les réseaux sociaux où sont déclinées les offres les plus farfelues. »
L’association constate une forte croissance des pratiques de soins non conventionnelles et des pratiques liées au bien-être. De formation obscure, certains exercent de véritables relations d’emprise sur leurs clients. « Des choses nous sont régulièrement signalées et nous regrettons que les victimes ne portent pas systématiquement plainte car s’il y a eu un préjudice, il faut demander réparation » déplore Philippe Crouzet.
(Source : Sud-Ouest, 23.02.2021)