Les adeptes des pratiques non conventionnelles à visées thérapeutique sont de plus en plus nombreux et chaque jour de nouvelles « spécialités » apparaissent.
En 2000, un sondage Sofres révélait que 54 % des gens interrogés croyaient au pouvoir des magnétiseurs, 30 % à l’astrologie et 18 % aux voyants. En 2015, Harris Interactive, autre institut de sondage, constatait que les deux tiers des personnes sondées croyaient au paranormal.
Hubert Prolongeau, auteur de « Et vous vous y croyez ? » 1, a constaté que les personnes ayant recours à ces thérapies, ont en commun, pour la plupart, d’avoir vécu un traumatisme et grandi « sur un terreau fertile aux croyances les plus diverses ».
L’attirance pour les médecines occultes ne date pas d’hier. Au XIX, le coût élevé des soins médicaux obligeait les patients à avoir recours aux guérisseurs. Et les déremboursement successifs de médicaments et « l’explosion des dépassements d’honoraires » pourraient en partie expliquer le succès des thérapies alternatives.
Mais le recours à ces thérapies s’explique aussi par d’autres facteurs, les patients y cherchant aussi le moyen de soulager rapidement leurs maux. Il pourrait être également le reflet d’une désaffection des religions, ces thérapies apparaissant alors comme des substituts pour des personnes en quête de spiritualité et de croyances parallèles.
La mondialisation est un autre facteur de leur expansion. Les croyances voyagent, se mélangent, à l’image du Chi Gong qui peut se trouver parfois associé à des pratiques chamaniques. Exemple de ce cosmopolitisme, Pierre, un ingénieur niçois, « se présente comme chaman chrétien fabricant des objets de soins, en l’occurrence des orgonites » qui sont de petites pyramides « emplies d’informations par les médecins du ciel, anges, archanges ou âmes de grands thérapeutes ». Il n’oubliera pas de les facturer entre 30 et 65 € à ses clients après « avoir senti leur énergie ».
Internet regorge de témoignages de personnes qui reconnaissent les bienfaits de ces thérapies, « légitimant ainsi un business lucratif » à l’image de cette cartographe intérieure qui promet une nouvelle expérience pour une transformation durable et organise des formations facturées plus de 2000 €.
Dans ce bazar du New Age, les thérapeutes promettant l’auto-guérison, « la suppression des blocages inconscients », « l’ouverture au plan spirituel », habillent leurs thérapies de références à la physique quantique pour se donner une caution scientifique.
Cependant, depuis quelques années, la médecine scientifique s’ouvre à certaines de ces pratiques et les laisse entrer dans les hôpitaux. Pour le docteur Nicolas Perret qui a consacré une thèse aux coupeurs de feu en 2009, leurs effets bénéfiques tiendraient à plusieurs facteurs : la croyance, la relation soignant/patient plus étroite et l’effet placebo. Si Lisa, onco-dermatologue dans un hôpital Marseillais, en arrive aux mêmes conclusions, elle nuance son propos en prévenant « que des problèmes peuvent néanmoins se poser avec des guérisseurs qui encouragent des patients à se priver de vrai traitement médical ». Elle ajoute que le recours à l’herboristerie, notamment sur internet, n’est pas sans danger car les effets actifs des plantes peuvent entrer en interaction avec des traitements prescrits par les médecins.
(Source : Marianne, 17.02.2018)
1. Et vous, vous y croyez ? – Un petit tour de France des pratiques occultes, Hubert Prolongeau, Robert Laffont, Paris, Février 2018