Début juin s’est tenu à Mont-sous-Vaudrey, petite commune de 1 300 habitants située dans le Jura, le 4ème Congrès de médecine intégrative qui a accueilli près de 3 500 visiteurs sur deux jours. Ils ont payé 80 euros la journée pour assister à des conférences sur le bien-être mais aussi pour rencontrer des figures de la complosphère anti-vax comme Louis Fouché, Henri Joyeux, Luc Bodin ou Alexandra Henrion-Caude. Coline Renault, journaliste à Charlie Hebdo, qui s’est rendue au salon, s’est demandé ce qu’ils avaient encore à raconter maintenant que les mesures sanitaires sont levées ?
Organisé par le domaine de l’Arc-en-ciel, un centre de naturopathie qui a récemment annoncé l’ouverture d’une école primaire hors contrat, le congrès semble au premier abord un rassemblement sympathique de personnes en recherche d’un idéal proche de la nature, en dehors du consumérisme.
Mais les discours des divers intervenants ne laissent guère de place au doute quant à leurs idées anti-scientifiques et séparatistes.
Certains usant de leur statut de scientifique, comme le physicien Philippe Guillemant ou la généticienne Alexandra Henrion-Caude, se servent de leur savoir pour véhiculer des idées bien éloignées de la science, lorsque le premier explique par exemple que « les scientifiques sont utiles pour guérir certaines maladies, mais ils n’ont rien compris à l’essentiel ». Plus alarmiste, la seconde tient un discours anti vax sur fond catholique en expliquant que la vaccination « serait la première porte ouverte sur le clonage et l’eugénisme ».
A la défiance scientifique, succède le séparatisme quand un autre intervenant, Vincent Pavan, maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, à la tête du site Réinfo Liberté, dénonce « l’enseignement public [qui], avec ses cours d’éducation sexuelle, mène à la confusion des genres, à la perte de l’esprit critique, et même parfois à l’inceste ».
Louis Fouché, star de la journée, n’est pas en reste lorsqu’il explique « Les institutions, ce sont à la fois l’hôpital, les scientifiques, l’État, les médias ». « Ils ont très bien compris comment créer des traumatismes et des figures d’attachement pour vous soumettre » conclu-t-il.
Ces discours angoissants semblent faire mouche au regard du grand nombre de livres écoulés ce jour-là.
S’interrogeant sur les motivations des participants, Coline Renault en a interrogé quelques-uns. Si pour l’une d’entre eux, prof de yoga, l’intérêt est de découvrir « d’autres expériences de vie », pour un autre, très remonté contre les mesures sanitaires, « ce congrès l’a conforté dans ce qu’il savait déjà. »
(Source : Charlie Hebdo, 07.06.2023)