Par leur nombre et leurs discours surfant sur la vague de la crainte des produits chimiques, les influenceurs peuvent affaiblir notre regard critique sur leurs conseils de santé.
Sur les réseaux sociaux, on assiste à la multiplication de discours enjolivés, incomplets, voire fallacieux pour promouvoir le « mieux-être ». Par exemple, chaque été, quantité de créateurs de contenus mettent en avant les bénéfices des écrans solaires faits maison. Leur argument ? Certains composants des écrans solaires en vente seraient toxiques, études – parfois douteuses et/ou mal comprises – à l’appui. Ces influenceurs partagent généralement ensuite leurs propres recettes de crèmes, en s’appuyant sur d’autres études – elles aussi controversées.
En réalité, des instances de santé publique ont démontré en 2018 que les bénéfices des crèmes solaires face au risque de cancer de la peau dépassent largement tout risque de réactions cutanées.
Outre-Atlantique, Santé Canada a donc diffusé courant juillet un avis public : « N’utilisez pas d’écran solaire fait maison ». Au début de l’été, l’Ordre des chimistes du Québec avait également mis en garde contre les « informations erronées et mensongères » diffusées au sujet des crèmes solaires sur les réseaux sociaux, en pointant notamment les limites des recettes maison pour résister à la réalité du quotidien : sueur, eau, mouvements, frottements…
Toutefois, ces messages de prévention peinent à convaincre le grand public. En cause, la chimiophobie, cette crainte des risques associés aux produits synthétiques, qui seraient intrinsèquement plus néfastes que les produits dits « naturels ». Pour parvenir à contrer les discours délétères des influenceurs, le Québec suivra peut-être l’exemple de la France où depuis l’an dernier, une loi interdit aux influenceurs toute promotion d’actes, de comportements ou de produits allant à l’encontre de préceptes de santé publique.
(Source : Le Devoir, 24.07.2024)