Dans les campagnes, des praticiens alternatifs remplacent les médecins  

Dans de nombreux villages, des médecins partent à la retraite sans avoir trouvé de remplaçants. Les praticiens du bien-être, eux, y prennent leurs quartiers.

La pénurie de médecins dans les territoires ruraux prend des airs de désertification sanitaire. À Gandelu par exemple, petite commune de 700 habitants dans l’Aisne, le docteur Giuseppe Chio est le dernier généraliste en exercice. Malgré une maison de fonction et un cadre bucolique, il ne parvient pas à trouver de successeur. Dans les villages voisins, il reste trois médecins… Contre onze il y a cinq ans !

D’autres « professionnels » affluent en revanche : magnétiseurs, naturopathes, praticiens reiki, sophrologues et autres kinésiologues investissent les campagnes. Le phénomène est en forte croissance.

Le nombre d’inscriptions sur la plateforme Resalib a plus que doublé en quatre ans. Ce qui inquiète fortement les médecins. « Ces pratiques peuvent retarder les diagnostics. Ici, la population est âgée et elle a besoin de soins, d’une médecine basée sur des preuves, pas des croyances », alerte la rhumatologue Laure Artru, présidente d’une association de lutte contre les déserts médicaux.

En France, le nombre de praticiens du bien-être est passé de 30 000 à 70 000. Rien qu’en 2024, 17 000 nouvelles installations ont été enregistrées.

Le succès de ces approches dites « alternatives » s’explique par une défiance croissante envers la médecine conventionnelle, une envie de méthodes plus naturelles, en opposition à la médecine « industrielle », mais aussi parce que la présence de leurs praticiens comble un manque. La nature a horreur du vide.

Une certitude : la fracture sanitaire se creuse et fait craindre une médecine à deux vitesses. À Amfreville-Saint-Amand, dans l’Eure, un « pôle santé » censé attirer des généralistes n’accueille finalement que des praticiens du bien-être. Dans la Creuse, un projet de centre thermal « intégratif » a été suspendu après la polémique autour d’un médecin prétendant parler aux morts (voir l’article : https://www.unadfi.org/actualites/domaines-dinfiltration/sante-et-bien-etre/pratiques-non-conventionnelles/quand-lex-patron-de-weleda-promeut-les-medecines-alternatives/). 

(Source : Le Parisien, 23.05.2025)

  • Auteur : Unadfi