Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires : les mesures relatives aux dérives en santé

Une part importante des débats menés lors des premières Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires a été consacrée aux pratiques de soins non conventionnelles (PSNC). Des mesures permettant de poursuivre plus efficacement les auteurs de dérives en santé ont été annoncées.

« Les sectes se positionnent là où elles savent très bien qu’il y a des adeptes potentiels or on est tous confronté un jour ou l’autre à des problèmes de santé, directement ou indirectement » explique Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi. Les pratiques de soin non conventionnelles sont effectivement une des principales portes d’entrée des mouvements sectaires, comme cela l’a été rappelé à l’occasion des assises. Agnès Firmin Le Bodo, déléguée auprès du ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, a annoncé en ouverture des assises la création d’un comité chargé de classifier et d’encadrer les PSNC, précisant qu’ « il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières mais de faire le tri et de poser un cadre, le tri entre ce qui peut être permis et ce qui représente une menace pour la santé publique, tout en reconnaissant certaines pratiques pour leur apport ». Le comité aura pour mission de dresser une cartographie des PSNC, permettant à terme la création d’un dispositif d’enregistrement des PSNC. A ce comité devraient être associés des associations et collectifs citoyens, comme le collectif No Fakemed, à l’origine du déremboursement de l’homéopathie. Cependant, lorsqu’elle était encore députée, Agnès Firmin Le Bodo avait apporté son soutien à l’Agence des Médecines Complémentaires Adaptées (A-MCA). L’agence sera-t-elle associée à ce comité ? « Je ne sais pas. Mais je n’ai pas changé de position : la Miviludes ne peut pas suivre toutes ces pratiques, et celles-ci doivent pouvoir être encadrées. C’est un enjeu de santé publique auquel nous devons répondre » a-t-elle confié à l’Express. Pierre de Bremond d’Ars, le président du collectif No FakeMed, rassure : « Nous resterons vigilants. Si le travail de ce comité repose sur des données scientifiques, dans l’intérêt des patients, tout se passera bien. Et dans le cas contraire, nous le dirons ».

D’autres initiatives ont été annoncées. Sonia Backès, secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté, voudrait faire interdire les publicités vantant les bienfaits des médecines alternatives contre les maladies les plus graves. Le gouvernement souhaite également donner le pouvoir aux agences régionales de santé (ARS) de prononcer des interdictions d’exercer aux praticiens adeptes de méthodes peu scientifiques. Enfin, les ministères de la Santé et de la Justice travaillent conjointement à la création d’un délit « d’incitation à l’arrêt d’un traitement pour maladie grave ». 

(Sources : lexpress.fr, 10.03.2023 & Jim.fr, 15.03.2023 & infirmiers.com, 15.03.2023)

  • Auteur : Unadfi