A l’école ou en colo, les enfants sont de plus en plus exposés aux PSNC

Les interventions de praticiens de PSNC à l’école ou en colonies de vacances semblent se multiplier.

Ainsi, de plus en plus d’écoles font appel à des thérapeutes alternatifs pour la gestion du stress avant les examens, ou simplement pour favoriser le bien-être de leurs élèves. Il arrive donc que soient organisées en classe des interventions de praticiens (sophrologue, hypnothérapeute, méditation, kinésiologie, yoga) sans diplôme reconnu ni agrément pour intervenir auprès des enfants.

Selon un syndicat de chefs d’établissement, « 10 à 20 % des collèges et lycées ont recours, fréquemment ou ponctuellement, à des intervenants extérieurs de professions non réglementées ». Stéphanie de Vanssay, professeure des écoles, relève deux problématiques à cette mode : « faire entrer une pratique pseudoscientifique à l’école […] et risquer une mise sous emprise hors cadre scolaire ». Nathalie Eudes, psychologue de l’Education Nationale, associe l’essor de ces pratiques au manque de médecins, d’infirmiers scolaires et de psychologues. Elle met également en cause la Loi Avenir de 2018, qui permet aux collectivités de verser des subsides pour des prestations de tous ordres devant les classes. Si l’intervention de ces thérapeutes n’est pas interdite, Donatien Le Vaillant, Chef de la Miviludes, souligne que les pratiques promues comprennent un risque sectaire plus important que d’autres activités.

L’incursion des PSNC auprès des enfants ne se limite pas aux bancs de l’école. En effet, une offre florissante de colonies dédiées au bien-être se développe à destination des mineurs. Des initiations à une large palette de pratiques non réglementées peuvent être proposées aux enfants : yoga, kinésiologie, méditation, naturopathie, qi-gong, sophrologie, bols tibétains, tarots divinatoires… Ce phénomène semble relativement récent, puisque moins de 10% des colonies de vacances seraient concernées pour le moment.

La Miviludes a toutefois déjà reçu des signalements à ce sujet. Pascale Duval, porte-parole de l’UNADFI, expose les risques associés à cet entrisme : « D’abord une perte de chance dans la réelle résolution de leur problème, puisqu’ils ne vont pas vers un vrai scientifique. Et d’autre part, on peut en faire des anti-médecins, s’ils considèrent que cela ne leur a pas fait de mal ! »

L’organisme de colonie de vacances Ulysseo, qui propose des colonies dédiées au bien-être, se justifie : « Ceux qui dispensent ces ateliers sont des professionnels ou eux-mêmes des vacanciers passionnés de leur discipline, qui acceptent de faire cours durant leur propre séjour ». Les intervenants reçoivent ainsi une réduction de 550 euros sur le tarif de leur colonie en contrepartie de leur participation. 

(Source : Le Parisien, 13.02.2024)

  • Auteur : Unadfi