Les vaccins constituent l’une des découvertes les plus importantes de l’histoire, sauvant des millions de vies, éradiquant des maladies encore mortelles dans les pays où la vaccination n’est pas systématiquement pratiquée. Pourtant, dans plusieurs pays occidentaux, le pourcentage d’enfants non vaccinés est en augmentation. Aux États-Unis, les autorités sanitaires américaines pensaient pouvoir rayer le mot rougeole de leur vocabulaire.
Mais en mars 2014, des dizaines de cas ont été découverts à New York, en Californie et au Texas. En cause, les anti-vaccins. Une américaine, Kathleen Wiederman, 42 ans, croit simplement aux vertus de la nature pour combattre les maladies et affiche son scepticisme quant à la vaccination. Cette diplômée de droit préfère les médecines alternatives, naturelles, l’accouchement à la maison sans antidouleur. Sans la pression exercée par son mari, elle n’aurait pas du tout fait vacciner sa fille de 5 ans. Elle a accepté de la faire vacciner contre la varicelle et la rougeole, mais pas la polio.
L’Angleterre et la France ne sont pas épargnées par ce phénomène « contagieux ». L’Angleterre a été obligée de lancer une campagne de vaccination sur un million d’enfants pour éviter le retour en force de la rougeole en avril 2013. Le ROR (vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole), suspecté d’avoir un lien avec l’autisme depuis une étude controversée parue en 1998, a été rejeté par de nombreux parents. Dans certains quartiers de Londres, le taux de vaccination de la rougeole était même descendu jusqu’à 50%. Un an après, cette campagne a permis de faire baisser le nombre de personnes contaminées. Dans les années 1960, la vaccination de la rougeole avait permis de réduire la maladie pratiquement à néant. Faute de couverture suffisante, la France a connu entre 2008 et 2012, plusieurs vagues d’épidémie, provoquant 23 000 cas dont 15000 pour l’année 2011. La maladie a entraîné le décès de 10 personnes et 32 complications neurologiques. Plus de 80% des personnes contaminées n’étaient pas vaccinées.
En France aussi, le scepticisme gagne du terrain. C’est le cas de Séverine, 39 ans et mère d’une petite fille née en 2011. Alertée par son pédiatre et son médecin généraliste, tous deux homéopathes, elle a décidé de ne pas faire vacciner sa fille contre la rougeole, entre autres. «Après son premier vaccin contre le BCG (contre la tuberculose, obligatoire à la naissance en France, ndlr), l’organisme de ma fille a mal réagi, raconte-t-elle au HuffPost. Ma pédiatre m’a mise en garde contre les vaccins et a prescrit à ma fille un traitement d’une semaine pour faire évacuer les adjuvants toxiques contenus dans le BCG.»
Pour le Pr Joël Gaudelus, chef du service de pédiatrie à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy, le risque désormais moins apparent de ces maladies a fait baisser la garde de certains parents et de certains médecins.
Même si les opposants à la vaccination ne forment qu’une frange minoritaire de la population, les conséquences de leur position idéologique commencent à se faire sentir sur l’ensemble de la société. Car pour certaines maladies, des épidémies peuvent survenir tant que 94% de la population n’est pas vacciné. C’est le cas pour la rougeole.
Le Pr Emmanuel Grimprel, chef de service de pédiatrie à l’hôpital Armand Trousseau à Paris regrette que la France soit aujourd’hui le premier « exportateur de cas de rougeole vers des pays où elle a disparu ». On parle des effets secondaires des vaccins mais il est « dommage qu’on ne parle pas du risque qui existe sans le vaccin ». La vaccination permet de protéger les individus vaccinés mais également ceux qui ne l’ont pas encore reçue en limitant la circulation de l’agent infectieux.
La méfiance à l’encontre des vaccins gagne donc du terrain en France. La présence de sels d’aluminium dans les adjuvants est la principale incrimination des antivaccins. L’Agence Nationale du Médicament (ANSM) a commandé en mars 2014 une étude sur les sels d’aluminium dans les vaccins et dont les résultats sont attendus pour 2016.
Source : Huffington Post avec AFP & Le Figaro, 12.04.2014