
Adulée par une frange écologiste et certains médias, Vandana Shiva est devenue une activiste écoféministe influente. Et ce, bien que ses positions radicales flirtent avec le conspirationnisme.
Régulièrement invitée par les médias français, la militante indienne Vandana Shiva est en constante croisade contre les OGM et les pesticides. Elle incarne aujourd’hui la figure mondiale majeure d’opposition à l’agriculture conventionnelle. Avec son association Navdanya, elle œuvre pour « défendre la souveraineté alimentaire et semencière des petits agriculteurs ». Lauréate en 1993 du « prix Nobel alternatif », docteure honoris causa de plusieurs universités et auteure de nombreux ouvrages, la charismatique militante a un discours bien rodé. Trop peut-être.
Contre la science moderne
En Inde, pour lutter contre la famine, l’agronome américain Norman Borlaug a conçu une « révolution verte », combinant de nouvelles variétés à haut rendement avec l’utilisation de l’irrigation et d’engins mécanisés. La production céréalière est ainsi passée de 50 millions de tonnes en 1950 à 330 millions en 2022. Vandana Shiva reconnait que ça a permis à l’Inde d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de devenir une puissance agricole, mais la militante dénonce surtout « des conséquences désastreuses avec l’apparition de mauvaises herbes et d’insectes nuisibles ». Selon elle, « la terre a commencé à mourir. […] » et pour lutter « il n’existe pas de meilleur outillage que la pince à épiler et le seau » !
Et elle ne se contente pas de dire que la « révolution verte » constitue « un mauvais choix agronomique et politique ». Elle reproche à la science moderne de véhiculer « l’esprit masculiniste occidental » qui impliquerait nécessairement « l’assujettissement de la nature et des femmes ».
Pour démontrer que l’agriculture moderne est une catastrophe, Vandana Shiva n’hésite pas à véhiculer des infox. Elle martèle ainsi que l’Inde aurait connu une « épidémie de suicides due à l’introduction d’un coton OGM ». Elle parle de 270 000 cas qu’elle qualifie de « génocide ». Mais toutes les études et enquêtes scientifiques menées démentent catégoriquement ce mythe populaire.
Elle met aussi en cause le glyphosate pour expliquer la recrudescence de l’autisme et d’autres maladies, dénonçant un prétendu « cartel du poison ». Sauf que les graphiques qu’elle présente pour appuyer ses propos sont formellement démentis par les spécialistes.
Relais de la nébuleuse trumpiste
Dans sa vision paranoïaque du monde, elle affirme que des entreprises auraient « inventé les produits chimiques toxiques qui poussent les insectes, les papillons et les abeilles à l’extinction […] et nous donnent le cancer pour ensuite tirer « des bénéfices des maladies et vendre des médicaments anticancéreux ».
Vandana Shiva va plus loin et relaye les comptes X de la frange la plus extrémiste et complotiste de la nébuleuse trumpiste, celle qui croit par exemple que de l’adrénochrome est prélevé sur des enfants dans le cadre de rituels sataniques. Elle soutient Robert F. Kennedy Jr, le ministre de la Santé de l’administration Trump, et ses positions anti-vax. Curieuse démarche pour une figure qui s’affiche comme l’idole de l’écoféminisme progressiste…
(Source : Agriculture et Environnement, 17.02.2025)