Que devient le mouvement antivax ?

Avec le recul de l’épidémie de Covid-19, les discours anti-vaccination ont perdu en présence médiatique.

Un silence qui pourrait s’expliquer par l’échec des prédictions annoncées dès 2021 vis-à-vis du vaccin anti-Covid et de ses potentiels effets secondaires. Selon Jocelyn Raude, chercheuse en psychologie de la santé et maladies infectieuses à l’EHESP (École des hautes études en santé publique), « il y a eu une déception par rapport aux attentes apocalyptiques prévues en lien avec les vaccins à ARN messager ». « Comme ils se sont révélés plutôt plus sûrs que les méthodes vaccinales traditionnelles, cela a coupé l’herbe sous le pied à ces critiques plutôt radicales », précise-t-elle.

Un rapport récent de Santé Publique France, publié fin avril 2024, se montre même plus rassurant, puisque l’adhésion à la vaccination semble progresser en France : 84 % des personnes interrogées auraient déclaré être favorables à la vaccination en général. L’étude souligne également « une tendance à la hausse de la proportion de personnes très favorables à la vaccination par rapport à 2022 ».

Toutefois, la couverture vaccinale reste insuffisante pour certaines pathologies. Selon Santé Publique France, un public serait particulièrement réticent à la vaccination : les personnes âgées. De fait, la couverture vaccinale aurait  « tendance à diminuer chez les personnes âgées, en comparaison des années précédentes ». Ainsi, certaines campagnes de vaccination, ciblant particulièrement les populations à risque auxquelles appartient cette tranche de la population, ont connu un succès limité : les dernières campagnes hivernales contre le Covid-19 et la grippe n’ont pas atteint les taux espérés.

Une certaine hésitation vaccinale semble d’ailleurs perdurer sur l’ensemble de la population ; en témoigne la défiance persistante face au vaccin contre le papillomavirus. Ce vaccin, proposé aux adolescents afin de diminuer la prévalence du cancer du col de l’utérus, est le fer de lance des antivax, qui lui attribuent des effets secondaires… n’étant pourtant jamais survenus dans des pays avec une meilleure couverture vaccinale, comme l’Australie.

Pour Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux, cette hésitation s’explique facilement : « On pense toujours qu’on va passer entre les mailles du filet. Mais il faut comprendre que les risques de la vaccination sont toujours plus faibles que la maladie, d’autant que le rôle de la pharmacovigilance consiste justement à diminuer ces risques. On manque d’une éducation à la santé et à ses enjeux en France ». 

(Source : 20 Minutes, 13.05.2024)

  • Auteur : Unadfi