QAnon : un risque pour la démocratie ?

Les évènements qui ont eu lieu au Capitole ont montré que les adeptes de QAnon porteurs de théories conspirationnistes peuvent franchir le pas de l’action violente et tenter de mettre à mal les principes démocratiques et les institutions. Avec un nombre d’adeptes qui semble grandissant en France et à l’orée d’une élection présidentielle, les théories du groupe inquiètent.

Alors que le mouvement QAnon n’est pas si ancien, il a déjà causé de nombreux dégâts aux États-Unis : violences, kidnapping, meurtres et a largement perturbé la dernière élection présidentielle avec notamment la volonté d’empêcher l’élection de Joe Biden. Depuis 2019, le mouvement est classé comme menace terroriste potentielle par le FBI. Selon Alex Kaplan, spécialiste américain de la désinformation sur les réseaux sociaux et de l’extrémisme en ligne, Donald Trump a profité de QAnon en entretenant une ambiguïté à l’égard de ses théories notamment en les popularisant à base de tweet et de retweet. Les adeptes du mouvement ont pu percevoir cela comme une validation de leur idéologie. Selon Alex Kaplan, les théories de QAnon sont «  antidémocratiques par nature » et il s’inquiète de l’élection de deux membres du Congrès ayant affirmé leur soutien à la mouvance à des fins électoralistes. D’autres ont aussi pu intégrer des administrations.

Aujourd’hui de plus en plus implanté en France, le mouvement inquiète les pouvoirs publics qui se montrent attentifs et vigilants à l’égard de ce groupe et de ses idéaux. La ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa rappelle dans 20minutes que les groupes comme QAnon peuvent être la cible d’ingérences venues de l’étranger et peuvent appeler à la violence. C’est pourquoi elle considère que cette mouvance représente un danger réel à l’approche d’élections. Le groupe a réussi à répandre ses théories auprès de l’ensemble des groupes complotistes et à intégrer différents mouvements populaires. QAnon a pu implanter ses idéaux en France à un moment où le pays traverse une période difficile du fait de la Covid-19 et/ ou de la perte de confiance dans les partis politiques. Selon un sondage récent de l’institut Cévipof 36 % des sondés jugent probable que le ministère de la Santé soit de mèche avec l’industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins. Plus inquiétant 42% estiment que la crise sanitaire permet au gouvernement de surveiller les citoyens. Cela montre qu’à la veille d’une élection présidentielle le climat est relativement tendu. De plus en France, certains hommes politiques notamment classés à l’extrême droite n’hésitent pas à reprendre à leur compte des éléments de discours. Pour Rudy Reichstadt, co-fondateur de Conspiracy Watch, en se présentant à une élection ces hommes politiques bénéficient du même temps de parole que d’autres et en profitent pour dispenser et banaliser un discours complotistes.

Pour Tristan Mendès-France, maître de conférences associé à l’Université de Paris, spécialiste des cultures numériques et des thèses conspirationnistes, les membres de QAnon n’hésitent pas à apposer leur grille de lecture complotiste sur la politique, notamment française, mais aussi sur la gestion de la Covid-19. On constate en particulier leur proximité avec les mouvements anti-vaccination ou anti masques. Pour QAnon, tout discours officiel est jugé faux. Tristan Mendès-France considère donc qu’« il est assez évident de penser que ce mouvement sera proactif durant l’élection de 2022, et que tout ce qui vient du système sera présenté comme le fruit d’un complot.

(Sources : 20minutes, 21.04.2021 & 19.04.2021)

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