Des livres controversés mis en avant sur Amazon

L’enquête réalisée par des chercheurs de l’organisation à but non lucratif Al Forensics et de l’entreprise Check First est sans équivoque : les recommandations littéraires d’Amazon encouragent la désinformation.

« Sur des sujets sociétaux au cœur de l’actualité, l’algorithme permettant de rechercher des livres dans les librairies virtuelles françaises et belges d’Amazon favorise la vente d’ouvrages trompeurs ». C’est ce que révèle un rapport de chercheurs publié ce 11 décembre et relayé par Le Monde. Pour mener leur enquête, ils ont utilisé des profils sans historique et étudié plus de 60 000 recommandations. Ils ont ainsi découvert qu’en tapant le mot-clé Covid, 72 % des résultats intégraient des livres remettant en question l’existence de la pandémie, minimisant les effets sur la santé ou la présentant comme un complot. Sur le changement climatique, les 10 premiers résultats dirigent vers des livres niant le consensus scientifique. Ces récits, présentés comme « des pièges » par les chercheurs, « parce qu’ils ne fournissent pas aux lecteurs un pluralisme de points de vue », concerneraient aussi des sujets tels que l’immigration, le droit des femmes ou encore la question des genres. Pour étayer leurs propos, ils ont analysé 2000 ouvrages considérés sur la plateforme comme des best-sellers.

Le problème, « c’est que les livres représentent, dans l’opinion publique, une source d’information légitime. Et que 181 millions d’internautes utilisent Amazon chaque mois en Europe », rappellent les chercheurs qui tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, « l’algorithme est d’autant plus inadapté qu’après avoir cliqué sur un livre à partir d’un résultat de recherche, il faut des dizaines de clics successifs sur les recommandations d’Amazon pour en sortir ».  Surtout « qu’il n’y a pas de mécanismes de sécurité pour contrôler l’âge des utilisateurs ». Contacté, Amazon indique que « des investigations sont en cours et que la plateforme continuera de prendre les mesures appropriées contre les produits qui ne sont pas conformes à sa politique ». L’entreprise américaine affirme, de surcroît, « partager avec la Commission européenne l’ambition de créer un environnement numérique sûr et de confiance » et « investir de façon significative afin de protéger leur boutique des acteurs malintentionnés et des contenus illégaux ». 

(Source : BFMTV, 12.12.2023)

  • Auteur : Unadfi