Trois Français, dont le patron de France Soir, ont déposé un brevet pour un pseudo-traitement qui permettrait de neutraliser le Covid-19.
Le brevet BR 102022021084-5 A2 a été déposé à l’Institut national de la propriété industrielle du Brésil (INPI) le 18 octobre 2022, en pleine pandémie, mais n’a été rendu public que le 30 avril 2024, sans battage médiatique. Il s’agirait d’une véritable révolution thérapeutique contre le Covid-19 : un complément alimentaire qui promet de neutraliser les effets du virus sur l’organisme, en particulier, le stress oxydatif et l’inflammation. Le brevet prétend aussi lutter contre le Covid long et les effets délétères des vaccins.
Les auteurs de ce brevet sont des Français bien connus de la complosphère antivax : Xavier Azalbert (multi-entrepreneur, patron de France Soir, soutien du Dr Didier Raoult et président de l’association conspirationniste Bon Sens), Jean-François Lesgards (cofondateur de l’entreprise de compléments alimentaires Protelicious, antivax de la première heure et contributeur à France Soir) et Dominique Cerdan (pharmacien en Gironde). Durant la pandémie, ils n’ont eu de cesse de critiquer les politiques de santé publique et d’accuser l’industrie pharmaceutique et certains médecins de profiter de la crise. Et ils ont réussi à fédérer autour d’eux une communauté fermement opposée aux vaccins et très active sur les réseaux sociaux. Ils vont donc plus loin aujourd’hui et envisagent la commercialisation d’une solution alternative, sans en avoir démontré la moindre efficacité. Un « traitement » sous forme de complément alimentaire parfaitement calibré pour les vaccino-sceptiques. De quoi soulever des questions légitimes.
Aucune preuve d’efficacité demandée pour la mise sur le marché.
Le choix du Brésil n’est pas un hasard. Xavier Azalbert y a déjà implanté plusieurs affaires immobilières. Et ses positions sur le Covid sont très proches de celles d’une puissante association de médecins complotistes, les Medicos pela vida, assez semblable à Bon Sens en France. L’association brésilienne, qui revendique 15 000 adhérents, défend déjà avec vigueur un traitement précoce de la maladie, appelé « kit Covid-19 ». Et pour les observateurs, il ne fait aucun doute qu’elle appuiera la commercialisation du nouveau complément alimentaire des Français. Une aide de bon augure pour les affaires quand on sait que l’association a été reçue au ministère de la Santé et a participé à des auditions publiques sur la vaccination des enfants. Ses membres ont été invités dans plusieurs assemblées municipales et d’État, souvent par des parlementaires pro-Bolsonaro.
Autre indicateur favorable : le secteur des compléments alimentaires est en pleine effervescence dans ce pays. Selon une étude de Grand View Research, le marché brésilien a généré un chiffre d’affaires de 6,15 milliards d’euros en 2023 contre 2,7 milliards en France (chiffres Synadiet, Syndicat national des compléments alimentaires). Il devrait connaître une croissance significative pour atteindre environ 11,46 milliards d’euros d’ici à 2030. Le projet s’annonce juteux. Et la mise sur le marché ne sera pas une tâche compliquée ou coûteuse, car un complément alimentaire, à la différence d’un médicament, n’a pas besoin de faire la preuve de son efficacité pour être vendu. Au grand dam des scientifiques qui tirent la sonnette d’alarme rappelant que les placebos peuvent s’avérer très dangereux pour des personnes fragiles qui se détournent ainsi des traitements reconnus.
(Source : Le Point, 27.10.2024)
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