Créationnisme au sein de l’école de la République

Pour lutter contre la pénétration du discours religieux dans l’enseignement de l’évolution, il faut stimuler l’esprit critique des élèves et renforcer leurs connaissances scientifiques. Depuis plusieurs années, chercheurs et scientifiques se mobilisent pour réfléchir à l’enseignement de l’évolution dans les écoles de la République.

Olivier Brosseau, biologiste, se souvient d’une conférence qu’il a animée dans l’Académie de Créteil au lendemain des attentats du 7 janvier 2015 : « certains des tout jeunes enseignants n’avaient jamais entendu parler du problème et d’autres m’ont interpellé et ont défendu le ‘’soft overlap’’ », doctrine plaidant pour un compromis entre sciences et religion.

Cédric Grimoult, historien des sciences, soutient les professeurs et les appelle à résister même face aux élèves « les plus remontés » : « Le créationnisme et ses avatars ne sont ni des théories scientifiques, ni une affaire de foi, ni même une question de religion (…). Il s’agit d’une entreprise politique de conquête du pouvoir par des extrémistes fondamentalistes, qui vise à supprimer la laïcité et instaurer une théocratie ».

Oliver Brosseau plaide pour l’instauration d’un observatoire de l’enseignement de l’évolution. Cédric Grimoult souhaiterait que la laïcité soit enseignée plus tôt dans les écoles de la République car cette résistance ne serait, selon lui, que la partie émergée de l’iceberg religieux.
Le géographe Bertrand Lemartinel, de l’Université de Perpignan, le confirme : certains préconisent un enseignement révisionniste de la géographie afin de légitimer le droit du sol de certaines communautés.

Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, certains élèves de l’école publique resteraient, avec plus ou moins de véhémence, hermétiques à l’enseignement de l’évolution. Quant aux écoles privées sous contrat avec l’Etat, elles éviteraient prudemment tout ce qui touche à l’évolution.

(Source : Sciences et Avenir, 27.02.2016)