Le père Philippe Peignot mis à l’écart mais toujours en activité 

Ancien membre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X, le père Philippe Peignot, 71 ans, continue de célébrer la messe en secret, dans une grange mise à disposition par des fidèles. Malgré plusieurs accusations d’agressions sexuelles et de viols sur mineurs, il n’a jamais été condamné par la justice et reste entouré d’enfants.

Chaque dimanche, dans une grange d’Espiet, petit village du sud Gironde, Philippe Peignot réunit une poignée de fidèles venus de plusieurs départements. La messe est dite en latin, selon le rite tridentin. Rien n’indique à ces fidèles que ce prêtre de 71 ans a été écarté de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X après plusieurs accusations d’abus sexuels sur mineurs. Jamais condamné par la justice, il demeure aujourd’hui au contact d’enfants.

Bruno Raout, 62 ans, est l’un de ses accusateurs. Dans les années 1970, au pensionnat de Riaumont (Pas-de-Calais), il affirme avoir été agressé à de multiples reprises. « Ça a commencé par des jeux, des baisers dans le cou, puis il me demandait de le fouetter »… Jusqu’au viol. Il faudra attendre 2022 pour que Bruno porte plainte. Classée sans suite pour prescription. « Ce que je regrette, c’est d’avoir parlé si tard ».

D’autres noms apparaissent dans ce dossier, dont celui de Vincent Lambert, resté des années dans un état végétatif après un accident de la route en 2008. Ce que l’on sait moins, c’est que, selon des témoignages recueillis par la journaliste Ixchel Delaporte, Vincent Lambert et son frère auraient eux aussi subi les assauts de Philippe Peignot. Alertée, leur mère avait dénoncé le prêtre auprès de sa hiérarchie, à Reims et à Paris. Sanction dérisoire : une année de pénitence à Lourdes !

Ce n’est qu’après une enquête canonique du Vatican qu’il sera finalement exclu de la Fraternité Saint-Pie-X.

Mais cette exclusion n’a pas signé la fin de son ministère. En 2014, il rejoint « La Résistance », un mouvement encore plus radical, fondé autour de l’évêque négationniste Richard Williamson. À Espiet, une famille lui ouvre les portes de sa grange, transformée en chapelle de fortune.

Pour Benjamin Effa, porte-parole d’une association de victimes de la Fraternité Saint-Pie-X, la mécanique est toujours la même. « Les membres vivent dans une bulle. Ils se persuadent que le monde extérieur les déteste et cela renforce leur sentiment d’être dans le droit chemin ». Un mécanisme que la Miviludes décrit depuis plusieurs années. Saisie à de multiples reprises au sujet de la Fraternité, la Miviludes dénonce des « dérives sectaires », un « isolement progressif », des « ruptures familiales » et des « pressions » sur ceux qui cherchent à s’en éloigner. Aucune alerte spécifique n’a en revanche été enregistrée à propos de Philippe Peignot ni de « La Résistance ».

Huit victimes présumées ont été recensées. Deux seulement ont déposé plainte. Toutes prescrites. « Il pense qu’il ne peut rien lui arriver », résume l’un de ses accusateurs. À Espiet, les fidèles veillent sur lui comme sur un guide spirituel. Et l’Église, tout comme la justice, continuent de détourner le regard. 

(Source : France 3, 02.10.2025)

A lire aussi sur le site de l’Unadfi : La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X aurait couvert des abus sexuels sur mineurs : https://www.unadfi.org/actualites/groupes-et-mouvances/la-fraternite-sacerdotale-saint-pie-x-fsspx-aurait-couvert-des-abus-sexuels-sur-mineurs/

* Dissidence de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie-X.