Une accumulation d’affaires

Les autorités brésiliennes ont ouvert une enquête sur deux églises de la branche brésilienne de Word of Faith Fellowship, suite aux révélations d’Associated Press concernant des allégations d’abus de travail forcé et de fraude sur des visas.

Selon le témoignage de Liliane Souza qui a travaillé pour Stylofino, une usine d’encadrement appartenant à la branche brésilienne du groupe, l’usine n’employait que des membres de la communauté. Chaque journée commençait par une prière. À la moindre erreur, les employés subissaient un « dynamitage », pratique consistant en des violences physiques et verbales pour exorciser le diable, source de l’erreur.

Huit autres anciens employés ont raconté qu’ils recevaient le salaire minimum légal et n’étaient payés pour aucune heure supplémentaire, alors qu’ils travaillaient tard le soir, la plupart des jours fériés et le week-kend. Ils ont été forcés de falsifier leurs feuilles de congés et n’ont pu bénéficier de leurs droits. Craignant d’être expulsés de l’Église, certains ont accepté de travailler sans rétribution. À partir de 2011, de nombreux salariés n’ont plus été payés sous prétexte que leurs péchés étaient la cause des problèmes financiers à l’usine.

Située dans la banlieue de Sao Paulo, l’usine a été ouverte en 2000 par Gerson Jose Garcia et Souza Oliviera, dirigeant, avec sa femme, de la branche locale de l’Église et de son école.
Le 3 août 2017, la police fédérale et les enquêteurs du ministère de la Justice du Brésil se sont rendus aux sièges de l’Église et de l’école, au sein de laquelle des étudiants auraient subi des violences. Lorsqu’ils se sont présentés à l’usine, ils ont trouvé porte close et un panneau « à louer ».

Les auditions d’anciens membres, ont aussi révélé des irrégularités dans un accord foncier impliquant l’une des deux églises. Des fonds, provenant de dons et de la dîme et destinés à la construction d’une maison pastorale, ont été attribués au pasteur et à sa famille. Quand les fidèles ont découvert la vérité, nombreux se sont sentis trahis.

Les services éducatifs des États brésiliens où sont situées les deux branches de Word of Faith Fellowship ont lancé des enquêtes sur les écoles du groupe. Les inspecteurs auraient trouvé plusieurs cas de censure dans des manuels scolaires. Selon les témoignages publiés en juillet par Associated Press, les étudiants étaient, eux aussi, soumis au « dynamitage » ou à « l’isolement ».

Selon le responsable de l’école, il semblerait que le district ait décidé dans un premier temps de corriger et surveiller la situation sans infliger d’amende.

(Source : The New York Times, 10.10.2017)