Ouverture d’une enquête pour assassinat

Le parquet de Namur (Belgique) a ouvert une enquête pour assassinat après le décès suspect d’une femme en 2011. Elle était membre de la Nation Libre, groupe sectaire dirigé par Joël Labruyere. Le parquet soupçonne que deux membres de la communauté l’aient étouffée. En septembre 2019, un juge d’instruction a été chargé de l’enquête.

L’ouverture de cette enquête fait suite à une plainte déposée en avril 2018 par l’une des sœurs de la victime. La défunte, une belge de 39 ans, souffrait d’un cancer de l’utérus. Sous l’emprise de Joël Labruyère et sur ordre de ce dernier, elle s’était réfugiée dans un cabanon dans les bois d’Hastière en Belgique. Selon la doctrine de La Nation Libre, elle ne se nourrissait plus depuis plusieurs jours et n’avait par recours à des soins médicaux. La maladie est considérée dans le mouvement comme une purification. Selon l’Obs, la femme aurait été étouffée par deux des femmes qui la veillaient afin d’abréger ses souffrances. La famille a été informée du décès seulement quatre jours après la déclaration de décès.

Une porte-parole du parquet de Namur a indiqué à la presse qu’une instruction est en effet en cours à charge contre X pour assassinat et que pour l’instant il n’y avait aucune inculpation. L’enquête qui a débuté devra permettre d’établir les circonstances de la mort qui restent pour l’instant suspectes.

Annick Lovinfosse, ex-membre du groupe et témoin clé de l’enquête, raconte l’emprise de Joël Labruyere et de sa communauté. Selon elle, le gourou a persuadé la défunte de ne pas se soigner après le diagnostic de son cancer. Elle était totalement sous l’emprise du leader et ses responsabilités au sein de la communauté l’auraient poussée à montrer son mépris de la mort et son obéissance au gourou. Selon la témoin, c’est le gourou qui aurait donné l’ordre de la tuer. Ayant elle-même été sous l’emprise de Labruyere, Annick Lovinfosse le décrit comme un pervers narcissique, centre de l’attention de la communauté et usant souvent de discours ésotérique.

Suite à la parution d’articles sur l’ouverture de cette enquête, la communauté de Joël Labruyere, réunie notamment derrière Les Brigandes, groupe de musique aux accents identitaires, dénonce une propagande et un acharnement médiatique.

Indépendamment de l’enquête menée en Belgique, le groupe est aussi visé en France par plusieurs plaintes. En effet, cinq ex-membres ont porté plainte pour abus de faiblesse, travail dissimulé, conditions de travail contraires à la dignité et menaces. Basée dans les Hautes-Pyrénées, les adeptes de la communauté devaient travailler pour le leader sans aucune rémunération. Le gourou détenait leurs économies, brisait les couples et leur débitait des discours ésotériques empreints de suspicion à l’encontre de la médecine agrémentés de discours d’extrême-droite. Maitre Rodolphe Bosselut, avocat de l’UNADFI, rappelle que Joël Labruyere avait créé en 1996 l’association Omnium des libertés qui défendait les « minorités spirituelles » et avait notamment reçu le soutien de la Scientologie.

(Sources : L’Obs, 08.01.2020 & Le Parisien, 08.01.2020&10.01.2020 & Le Point, 09.01.2020 & RTBF, 10.01.2020 & France Bleu, 22.01.2020)

Lire sur le site de l’UNADFI, l’ensemble des articles sur les Brigandes et la Nation Libre : https://www.unadfi.org/mot-clef/les-brigandes/

  • Auteur : Unadfi