Mobilisation contre les interrogatoires sur la sexualité des enfants

Sam Young, ancien évêque mormon, a entamé une grève de la faim pour attirer l‘attention sur une campagne visant à faire cesser les entretiens individuels destinés à vérifier le respect par les jeunes des règles de l’Église, en particulier celles qui concernent la chasteté.


Lancée en mars 2018, la campagne lève le voile sur une pratique qui peut conduire, selon Sam Young, « à une honte malsaine chez les jeunes » auxquels sont posés des questions très intimes. En vertu des lois de l’Église, il est par exemple interdit d’avoir des rapports sexuels avant le mariage, de se masturber ou de faire quelque geste qui puisse être considéré comme sexuel (s’embrasser, se caresser).

Les premiers entretiens commencent vers l’âge de huit ans, après le baptême, puis se déroulent une à deux fois par an de l’âge de douze ans jusqu’à l’âge adulte. Ils n’auraient d’autres buts, selon les responsables mormons, que de mieux connaître leurs jeunes ouailles et leurs habitudes religieuses ainsi que leur degré d’obéissance aux commandements de Dieu.

Jusqu’à cette année, les entretiens se déroulaient à huis clos, mais depuis peu les jeunes peuvent être accompagnés d’un proche s’ils le souhaitent.

Selon Stephen Blomfield, un ancien membre du conseil supérieur du pieu de l’Eglise de Bedford (Grande-Bretagne), tous les évêques mormons ne posent pas de questions indiscrètes, mais certains sont trop intrusifs et induisent chez les jeunes un sentiment de malaise et de culpabilité. Lui-même en a été victime à l’âge de 13 ans.

Invité par la BBC David Sheppard, jeune mormon anglais de 27 ans, raconte l’interrogatoire de six heures qu’il a subi à l’âge de 19 ans après avoir avoué plusieurs flirts aux autorités de son Eglise. Outre des questions très intimes, l’évêque a essayé de lui faire avouer le nom de ses conquêtes afin de les convoquer à leur tour. « J’ai souffert de beaucoup de culpabilité, explique-t-il, parce que j’ai fait des choses que nous n’étions pas censés faire […] Ils nous apprennent que la masturbation est juste en-dessous du meurtre, et je me sentais comme une sorte de déviant sexuel ou un pervers ».

Dans la même émission, une femme raconte qu’elle a été dissuadée de prendre une contraception à l’adolescence, tandis qu’un homme a dû prier pour éloigner les gays.

(Sources : BBC.com, 29.06.2018 & St Georges News, 30.07.2018)