La vie après le FLDS

Les membres du FLDS vivent des moments difficiles depuis l’incarcération de leur leader, Warren Jeffs. Ceux qui ont été excommuniés rencontrent les mêmes difficultés. Ce sont trois générations de membres qui doivent être éduqués afin de se trouver une place au sein d’un « monde » dont ils ignorent tout. Coylyn Pipkin est l’une de ces adeptes. À l’âge de 60 ans, elle a été contrainte de laisser derrière elle une vie entièrement édictée par à sa communauté.

Coylyn a grandi avec trois mères : sa mère biologique et deux autres épouses de son père. La mère de Coylyn avait 13 enfants, mère Charlotte en avait 16 et mère Elaine, 15. Adolescente, elle et trois de ses soeurs ont été mariées à Don Pipkin. À la mort de celui-ci en 2002, elles furent toutes quatre remariées à un autre homme par Warren Jeffs, «prophète» et dirigeant de la communauté.

Contestant l’autorité des dirigeants, cet homme a été excommunié et contraint par le FLDS à quitter la communauté. En le suivant, Coylyn a dû supporter de voir les autres membres lui tourner le dos : « les gens ne me regardaient pas ou ne me reconnaissaient pas, des personnes avec qui j’ai été amie toute ma vie.»
Comme 90% des femmes excommuniées, sa vie maritale, après lui avoir été imposée par la communauté, a été désintégrée par cette même communauté.

Quand Warren Jeffs est arrivé au pouvoir en 2002, tout ce qui donnait vie à Short Creek fut progressivement interdit : chiens, livres, basketball, école, célébration de la fête nationale… Certaines activités commerciales sont encore interdites car considérées comme « obscènes », comme les salons de massage, de coiffure ou de manucure.

Depuis l’incarcération des dirigeants du groupe, certains pensent à migrer vers le Dakota du Sud, le Colorado, le Texas ou encore le Canada ou le Mexique.
Warren Jeffs n’attendit pas longtemps pour imposer son pouvoir. Il faisait administrer aux membres apathiques ou rebelles des antidépresseurs et des anxiolytiques afin qu’ils intègrent docilement le « troupeau ». Considérant les jeux olympiques d’hiver de 2002 à Salt Lake City comme un signe de l’apocalypse, il força tous les membres du FLDS à se regrouper à Short Creek afin des les surveiller de plus près.

Le sort des femmes est indiscutablement lié aux désirs des hommes. « Pour beaucoup de filles, leur corps ne leur appartient pas, explique une ex adepte. Il est celui de leur père, de leur frère ou de leur mari. » Les femmes ne sont pas conscientes qu’une relation sexuelle peut être refusée et lorsqu’elles se retrouvent hors de la communauté, certaines sont violées.

En quittant la FLDS, certains sont devenus mormons, d’autres ont laissé Dieu derrière eux, mais la vie communautaire et ses règles restent profondément enracinées en eux. Leona, ex-membre, considère que pour s’en sortir l’essentiel est d’apprendre comment se comporter en dehors de la communauté et comment s’y épanouir.

L’insertion socio-professionnelle reste compliquée pour ces ex-membres, parents de familles très nombreuses. Leur faible qualification les conduit à accepter des emplois à faible rémunération qui ne suffisent pas à faire vivre tout le monde. Les femmes acceptent souvent des emplois dans la vente multi niveaux, peu rémunérateurs mais qui leur permettent d’aménager leurs horaires. Le taux de pauvreté à Hildale est de 44,2% et de 54,6% à Colorado City (Short Creek est une enclave à cheval sur les deux communes).

(Source : Buzzfeed, 18.01.2017)