Dawn Watson, une jeune femme de 29 ans originaire du Brésil, a passé son enfance au sein de la secte des Enfants de Dieu. Ayant fui le groupe à l’âge de treize ans après un parcours long et difficile, elle a décidé de témoigner pour aider et encourager d’autres victimes à se manifester.
Prétendant être un homme de Dieu qui voulait créer un réseau de communautés mondiales d’individus partageant les mêmes idées, David Brandt Berg fonda les Enfants de Dieu en 1968 à Huntington en Californie. Quatre ans plus tard, il était tellement populaire que son groupe comptait déjà 130 communautés à travers le monde. Avant même de l’avoir fondé, des accusations d’abus sexuels sur ses propres enfants pesaient déjà sur lui ; il avait également été expulsé de l’église dont il était membre parce qu’il voulait avoir plusieurs épouses.
Dès son enfance Dawn Watson a été exposée à des images très sexualisées de femmes nues clouées à des crucifix ou des affiches légendées « Hookers for Jesus » (prostituées de Jésus). Au centre de l’enseignement, figuraient les relations sexuelles car « Dieu est amour et la manière d’exprimer l’amour de Dieu passe par la sexualité ». Le sexe était devenu un moyen de recruter de nouveaux membres (flirty fishing) et surtout de recueillir des fonds pour le groupe. Les femmes qui refusaient de coucher avec des hommes étaient accusées de ne pas avoir suffisamment la foi et d’être spirituellement faibles.
Les enfants étant élevés par la communauté, Dawn n’a jamais connu son père. Elle n’a jamais eu de figure paternelle qui pourrait la protéger. Au contraire, les hommes, ceux qu’elle appelait les oncles, représentaient un danger qu’elle tenait à distance.
S’interroger sur le fonctionnement de la communauté était mal vu. Pour faire taire les enfants trop curieux, on leur scotchait la bouche. Dawn se souvient des sévices physiques. Sa mère ne devait d’ailleurs pas savoir grand-chose des maltraitances dont elle était victime. Occupée constamment par le travail exigé par la communauté, les femmes n’avaient pas le temps de prendre soin de leurs propres enfants confiés aux mains de leurs « oncles » et de leurs « tantes ».
L’éducation donnée aux enfants était celle des manuels du groupe, conçus pour les conditionner et leur faire accepter les abus.
Consciente qu’elle allait devoir, elle aussi, s’adonner au flirty fishing, Dawn décida de quitter le groupe en 2001. Sans sa mère et son frère, sa sortie fut difficile. Elle trouva refuge dans plusieurs familles d’ex adeptes, errant pendant plusieurs années et violée par l’un de ses « hôtes ». Elle finit par rejoindre sa mère qui entre temps avait également quitté la communauté. Depuis elle se reconstruit peu à peu.
Son insertion socioprofessionnelle a été difficile, mais aujourd’hui elle aide les personnes victimes de traumatisme. Il lui semble qu’il est difficile, à moins de l’avoir vécu, de comprendre ce qu’est l’abus sous toutes ses formes : abus sexuel, émotionnel et spirituel.
(Source : Dailymail, 10.01.2018)
Pour en savoir plus sur les Enfants de Dieu, aujourd’hui rebaptisé La Famille internationale, lire sur le site de l’Unadfi :
https://www.unadfi.org/etiquettes/edd-la-famille