Exécution de 13 membres d’Aum

Le gouvernement japonais a annoncé l’exécution, en juillet, des treize condamnés à mort de la secte Aum. Le mouvement est, entre autres méfaits, l’auteur de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. Pour rappel, cet attentat avait tué 13 personnes et intoxiqué 6 500 autres. Parmi les condamnés se trouvait le leader du mouvement Shoko Asahara (de son vrai nom Chizuo Matsumoto).


Outre le débat sur la peine de mort, ces exécutions ont déclenché un grand nombre de réactions au Japon. L’avocat Masaki Kito déplore que les condamnés ne se soient pas davantage exprimés sur le mouvement et la motivation des crimes. Pour lui, le sort infligé à ces treize membres ne met pas fin à l’affaire car plusieurs zones d’ombres persistent. Le fils d’une victime appelle à la vigilance, craignant que l’exécution du leader ne fasse de lui un martyr et qu’il soit vénéré comme un dieu.

Aum n’existe plus mais a changé de nom pour devenir Aleph. Le groupe est toléré par les autorités japonaises surveillant tout de même ses agissements, comme ceux d’une autre dissidence : Hikari No Wa1. Ces deux groupes suivent encore les préceptes d’Asahara. Une perquisition dans les locaux d’Aleph début juillet a montré l’omniprésence du portrait du leader d’Aum.

Le gouvernement japonais, qui craint des représailles de la part des fidèles du gourou, va assurer la protection à vie de la ministre de la justice ayant prononcé la sentence de l’exécution du leader ainsi que de sa famille.

Le Japon reste exposé au phénomène sectaire. Pour les spécialistes, les mouvements continuent de recruter et représentent des « refuges » dangereux pour les personnes vulnérables. Pour l’avocat Yoshiro Ito qui lutte contre les organisations sectaires, il est particulièrement difficile au Japon de distinguer certains groupes religieux de groupes sectaires. Il précise que le nombre de sectes y est important et scindé en petits groupes. Le plus grand mouvement présent dans le pays serait l’Église de l’Unification, plus communément appelé Moon2, qui compterait des dizaines de milliers de fidèles.

Selon Kimaki Nishida, spécialiste de psychosociologie à l’université Rissho de Tokyo, les mouvements sectaires continuent de recruter au Japon, laissant penser qu’ils sont en mesure de répondre aux maux que la société ne parvient pas à résoudre. Les groupes s’intéressent principalement aux adolescents et jeunes adultes ayant des rapports conflictuels et peu affectueux avec leurs familles.

Le journaliste indépendant Shoko Egawa, qui a longuement travaillé sur Aum, pense qu’il faut analyser le cas des victimes tombées sous l’emprise du mouvement afin de ne pas voir une telle tragédie se reproduire.

(Sources: Libération, 26.07.2018 & L’express, 27.07.2018 & South China Morning Post, 06.08.2018)

1. Lire sur le site de l’UNADFI, Un raid de la police dans les bureaux d’Aleph : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/un-raid-de-la-police-dans-les-bureaux-d-aleph/

2. Lire sur le site de l’UNADFI, Que sait-on de ? Moon : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/que-sait-on-de-moon/

Lire sur le site de l’UNADFI : Que sait-on de ? Aum : https://www.unadfi.org/groupes-et-mouvances/que-sait-on-de-aum/