Enquête chez les Esséniens

Un journaliste de l’émission d’investigation J.E., diffusée sur la chaîne TVA, a infiltré la communauté controversée du français Olivier Martin, dit Manitara, basée à Cookshire-Eaton (Estrie). Les révélations de l’enquête ont suscité de nombreuses réactions, notamment celles d’anciens adeptes qui gardent un goût amer de leur passage dans le groupe.

Les habitants de Cookshire-Eaton, où s’est implantée en 2008 la communauté, ont vivement réagi aux révélations de l’enquête. « C’est terrible. Ça ne devrait pas exister ces groupes-là » a commenté l’un d’eux. Le maire de la commune a rappelé que depuis sept ans le groupe, qui ne respecte pas les lois, livre une bataille juridique à la municipalité.

L’équipe de J.E. a recueilli les témoignages d’anciens disciples d’Olivier Martin. Ils ont expliqué comment leur « maître » exerçait une emprise sur eux. Ils déclarent avoir été « écorchés » psychologiquement et financièrement. En effet, pour gravir la hiérarchie spirituelle, il faut payer : « Les cérémonies à 400 dollars, les formations pour devenir prêtres à 600 dollars, le culte de la lumière à 100 dollars mensuel, les conférences en ligne, ça finit par coûter très cher ! J’ai dû dépenser des milliers de dollars » relate un ancien essénien. « Au début j’étais fasciné par les archanges, l’ésotérisme. J’ai connu Olivier Martin grâce à un ami qui avait écouté ses conférences (…). L’idée de bâtir une société, de faire partie des élus me fascinait. Je cherchais un peu de magie », raconte-t-il. Les esséniens distinguent en effet le monde des divins – les esséniens – des humains, car le monde des hommes serait en déclin. « Pour que ça soit une secte, il faut que ça soit coupé du monde, faut donner de l’argent, faut que tu sois manipulé. Moi, pour l’avoir vécu, je peux dire que c’est une secte! » ajoute-t-il.

Une autre raconte avoir passé deux ans chez les Esséniens avant de déchanter : « J’ai vu qu’ils étaient beaucoup intéressés par l’argent, toujours l’argent… Il y avait un certain lavage de cerveau. »

Interrogé, Olivier Martin se décrit comme un pasteur, il fait « ce que Dieu lui dit de faire ». En France, où il a été reconnu coupable d’abus de biens sociaux, il est décrit comme un gourou aux thèses apocalyptiques.

Aujourd’hui, Olivier Martin s’est installé au Panama, grâce aux dons des fidèles (763.869 dollars). Certains adeptes l’ont suivi, une soixantaine est restée à Cookshire-Eaton où le maître revient prêcher quatre fois par an pour la Ronde des Archanges (facturée 400 dollars par disciple). D’autres encore ont quitté le mouvement et ont dû recourir à de l’aide psychologique.

Cet adorateur d’archanges demande à ses adeptes de se vêtir de blanc pendant les cérémonies durant lesquelles il déclame des textes qui lui seraient transmis par des forces surnaturelles. Les fidèles sont incités à faire du prosélytisme et à s’investir dans le mouvement, le bénévolat est encouragé.

Parallèlement, Olivier Martin est à la tête d’une maison d’édition, publie de nombreux livres et diffuse des conférences sur sa webtélé payante. Il prétend avoir attiré un millier de fidèles à travers le monde.

Selon les documents de l’Agence du revenu canadienne, la fondation Essénienne a déclaré plus de 5 millions de dollars d’actifs et des revenus de plus de 2 millions de dollars, uniquement pour l’année 2016.

Carole Tremblay, présidente d’Info-Secte, estime qu’il est essentiel de continuer à faire de la prévention face à ce groupe.

(Sources : Canoë.ca, 13.09.2018 & TVA Nouvelles, 14.09.2018)