Des membres de la famille LeBaron victimes d’un guet-apens

Au début du mois de novembre, la presse s’est fait l’écho d’une embuscade ayant eu lieu au dans le nord du Mexique, au cours de laquelle trois femmes et six enfants ont perdu la vie. Tous appartenaient à une communauté mormone polygame, celle de la famille LeBaron.

Les raisons du carnage ne sont pas claires. Selon les premiers éléments de l’enquête plusieurs hypothèses sont avancées. Pour l’une d’elle il pourrait s’agir d’une erreur des cartels mafieux qui se seraient trompés de cible. Pour une autre, ce serait l’activisme de la communauté pour la paix dans la région qui leur aurait coûté la vie. Une troisième hypothèse suppose que les meurtres auraient été prémédités et seraient la conséquence d’un conflit terrien entre les mormons et les habitants. À leur arrivée dans la région, les mormons ont acheté de nombreuses terres, les ont rendues cultivables au point qu’aujourd’hui les cultures y sont florissantes. Mais pour ce faire des cours d’eaux ont été détournés au détriment des paysans locaux qui peinent à arroser leurs terres.

Comme beaucoup d’autres, la famille LeBaron avait fui les États- Unis au moment où la polygamie y est devenue illégale, pour préserver l’intégrité du mormonisme. Parmi les familles ayant immigré on peut citer celle de Mitt Romney, candidat à la Maison Blanche en 2012.

Mais la famille LeBaron est surtout connue en raison des décennies de violence ayant entaché son histoire. Après le décès d’Alma Dayer LeBaron, fondateur de la communauté en 1951, son fils ainé Joël lui succèda. Ervil son frère le suivit d’abord, puis arguant que la place de leader lui revenait, essaya de l’évincer. Ayant échoué, il fonda l’Eglise de l’Agneau de Dieu en 1972 et commenca alors à éliminer ses rivaux en invoquant l’ancienne doctrine mormone de l’expiation par le sang1. Le premier de la longue série fut son frère Joël. Un adepte auquel il ordonnait de tuer un rival a été forcé d’obtempérer.

Il fut arrêté en 1979 et condamné à perpétuité pour avoir orchestré l’assassinat du chef d’un groupe polygame qui avait rejeté ses demandes d’argent et de reconnaissance. En prison, il rédigea le « Livres des Nouveaux Pactes » dans lequel il dressa une liste de personnes à assassiner. En 1981, il fut retrouvé mort dans sa cellule.

Sept ans plus tard, trois anciens adeptes et la fille de l’un d’entre eux furent abattus à différents endroits des Etats-Unis, le même jour, quasiment à la même heure. « Les meurtres des quatre heures », c’est ainsi qu’ils furent appelés, avaient été orchestrés par le successeur d’Ervil LeBaron, Aaron LeBaron. Sept membres du groupe furent condamnés, dont le dernier en 2011.

S’il semble qu’aucune des personnes assassinées n’ait été membre de l’Église d’Ervil, l’une d’elle et plusieurs membres du groupe auraient par contre eu des liens avec le groupe NXIVM. Keith Ranière aurait rencontré la communauté en 2008 à l’occasion du tournage d’un documentaire sur sa méthode pour promouvoir la paix. Il aurait ensuite engagé des jeunes filles de la congrégation comme nourrices dans une école pour jeunes filles mexicaines : selon Moira Penza , une avocate de l’accusation lors du procès de Raniere, « les filles de la communauté LeBaron ont été spécifiquement ciblées car, ayant été élevées dans une secte polygame, elles étaient plus vulnérables aux enseignements de Raniere sur la sexualité, notamment le fait qu’il est naturel que les femmes soient monogames – une philosophie qui servait les préférences sexuelles de Raniere ».

(Sources : Times Union, 08.11.2019)

  1. Punition infligée aux personnes dont les péchés étaient tellement graves qu’ils ne pouvaient être lavés que par leur propre sang et non celui du Christ.
  • Auteur : Unadfi