Dans l’enfer du RPF

L’ex-scientologue Nora Sova Crest a été enfermée durant trois années dans une prison (Rehabilitation Project Force) de la Scientologie pour avoir embrassé et aimé une fille. L. Ron Hubbard, fondateur de la scientologie, avait classé l’homosexualité comme une « maladie », une « perversion sexuelle ». Il prétendait que la Scientologie pouvait aider les homosexuels à « guérir ».

Nora est née de parents scientologues. Pour son père, Constantine Panfilous Sova, il n’y avait pas d’autre voie que celle de la Scientologie. Durant toute sa jeunesse, elle a fait en sorte que son comportement fasse la fierté de son père et de la Scientologie. À 14 ans, elle avait atteint un niveau très élevé pour son âge (State of Clear). Selon les scientologues, ce stade est celui de la libération de l’esprit des émotions indésirables, en réalité c’est le stade de l’endoctrinement total.

À 18 ans, elle enseignait dans l’école scientologue de Woodland Hills (Los Angeles) et venait de rejoindre la Sea Org.
Avant sa séquestration, Nora travaillait au Celebrity Center de Los Angeles. Elle était en charge des séances d’« audit » des enfants des plus illustres scientologues comme John Travolta ou Tom Cruise. Alors qu’elle était un membre respecté, sa vie allait basculer pour quelques semaines de flirt avec une jeune femme.
Dénoncée par ses « coéquipiers » de la Sea Org, elle fut convoquée sur le champ et subit un interrogatoire éprouvant. Elle se sentait si coupable qu’elle n’eut aucun mal à avouer. Les deux femmes ont dû quitter leur poste respectif et travailler très durement durant trois mois avant de recevoir le « remède » contre l’homosexualité : le RPF. Ce « traitement » est infligé à toutes les « personnes suppressives », c’est-à-dire celles qui auraient failli au règlement ou émis un quelconque avis critique sur l’organisation.

L’enfer était là. Un bâtiment délabré dans l’ouest de Los Angeles où les détenus étaient amenés à croire qu’ils étaient coupables d’avoir fait du mal à la Scientologie. Nora y travaillait plus de 80 heures par semaine pour 50 dollars par mois seulement. Elle dormait dans un dortoir insalubre où logeaient 33 autres femmes. Les repas devaient être pris en vingt minutes et la toilette faite en trente minutes. Aucune intimité, aucune vie privée. La moindre erreur était assortie de punitions, de brimades : course à pied, tractions, seau d’eau glacée, insultes et parfois, violences physiques. La pénibilité du travail et les maltraitances lui valurent trois côtes cassées et deux hernies discales pour lesquelles elle n’a reçu aucun traitement.
Réduits à l’état d’animaux, les pensionnaires du RPF s’empoignaient pour de la nourriture. Nora se souvient qu’il s’agissait d’un combat permanent pour rester en vie. Jusqu’au jour où elle n’a plus voulu de cette vie. Elle a demandé en vain à être renvoyée puis, en ultime recours, a ingurgité de l’eau de Javel.
Elle fut conduite à l’hôpital par un médecin scientologue qui lui a indiqué le discours à tenir : il s’agissait d’un accident et elle n’était nullement déprimée. Pour quitter l’organisation, elle a dû signer un papier attestant qu’elle renonçait à poursuivre la Scientologie et à en dire du mal.

À l’extérieur, Nora a constaté qu’elle ne savait pas grand chose de la vie « normale » et qu’elle avait peu de chance d’obtenir un emploi. Mais quelques mois plus tard, elle fait la rencontre de son futur mari Cameron, ex-membre de la Sea Org. Ils sont aujourd’hui mariés et ont deux enfants. Il a fallu des années à Nora pour se débarrasser de la culpabilité et réapprendre à vivre. Aujourd’hui, elle peut parler avec qui elle veut, prendre son temps pour manger, dormir… Avec le recul, elle se rend compte que toutes ces années passées au sein de la Scientologie ne furent basées que sur le mensonge.
(Source : Daily Mail, 21.03.2016)