Contre-attaque

Il est pratiquement impossible de parler de la Scientologie sans risquer l’intimidation. L. Ron Hubbard pensait que la meilleure défense était l’attaque. Il a rédigé des pages et des pages pour traiter cette question, mis au point une organisation et mis en place un service spécialisé(1) pour contrer ses potentiels ennemis.

Richard Behar, correspondant pour le magazine Time, en a fait la triste expérience. En mai 1991, il a rédigé un dossier sur la Scientologie, la qualifiant de « racket mondial extrêmement rentable qui survit en intimidant les membres et les critiques d’une manière mafieuse. » Dès la publication de cet article, Behar a fait l’objet d’une enquête de détectives privés. Le harcèlement s’est poursuivi, il a porté plainte. Sa déposition aura duré 28 jours, son dossier aura traîné durant des années, et ça lui aura coûté des millions de dollars pour voir son procès annulé.

Depuis ces trente dernières années, tous ceux qui écrivent sur la Scientologie savent qu’ils prennent un risque. Seul le Tampa Bay Time qui avait publié une importante série d’articles sur l’organisation en 2009 n’a pas été poursuivi.
Dans son documentaire Going Clear, Alex Gibney(2) démontre que les gens qui sont vraiment harcelés par la Scientologie ne sont pas les journalistes mais ceux qui ont quitté l’organisation. Mais Internet a nui à la Scientologie. Les critiques sont suffisamment nombreuses et leurs secrets suffisamment connus pour espérer une accalmie.

(Source : New York Times, 24.02.2015)

1 Afin de garantir sa sécurité, la Scientologie possède un service de renseignements, OSA, (Organisation des Affaires Spéciales) dont la mission est de neutraliser les attaques contre l’Église et d’assurer sa survie en discréditant ses adversaires (suppressifs) par le biais de la « propagande noire ».

2 Lire sur le site de l’UNADFI, Going Clear : https://www.unadfi.org/groupe-et-mouvance/etats-unis-going-clear