Canada / Une grande enquête sur les gourous

Au cours des dernières semaines, le journal canadien La Presse a publié une grande enquête « Gourous inc », sous la houlette de la journaliste Marie-Claude Malboeuf.


L’an dernier, le Québec découvrait « avec stupéfaction » qu’une jeune mère de famille, Chantal Lavigne, était littéralement « morte cuite » au cours d’un stage de développement personnel, enveloppée de terre et d’une bâche en plastique… Elle avait suivi les préceptes d’une gourelle, Gabrielle Fréchette. Comment une « quête de bonheur » avait-t-elle pu conduire à cette extrémité ? C’est pour répondre à cette question que La Presse a lancé cette enquête particulièrement fouillée. Pendant trois mois, les journalistes ont écumé internet et visité, souvent incognito, des pseudos-guérisseurs et gourous en tout genre. La tâche s’est finalement « révélée facile » car les maîtres à penser sont partout : dans les officines « discrètes » mais aussi dans des hôpitaux, des écoles et dans des cabinets de psychologues. Leur promesse : éliminer le mal de vivre, l’hyperactivité, le cancer, grâce à des « méthodes bizarres ou carrément choquantes ». Certains de leurs clients ont simplement dépensé beaucoup d’argent, et « disent avoir été aidés », mais d’autres en sont morts ou se sont suicidés. D’autres ont abouti à l’hôpital psychiatrique ou dans des sectes.
Plus d’une trentaine d’articles font découvrir « un Québec dangereusement obsédé par la quête du bonheur et de la santé ».

A la suite de la publication de cette saisissante enquête, le Collège des médecins a demandé au ministre de la Justice du Québec d’imposer des peines plus sévères aux pseudo-guérisseurs. Le président du Collège des médecins a expliqué qu’au lieu d’imposer des amendes de 2.000 dollars, il faudrait des sanctions « faramineuses » ou même des peines d’emprisonnement. Quand il y a mort d’homme, « c’est épouvantable d’imposer de simples amendes », ajoute-t-il.

Par ailleurs, l’enquête a généré de nombreuses réactions de victimes. Elles ont écrit au journal des histoires « déchirantes » : agressions sexuelles, abus de pouvoir, dépenses insensées… De nombreux parents, frères, sœurs ou conjoints de victimes ont apporté leurs témoignages, tout en reconnaissant leur impuissance : les gourous savent diviser pour mieux régner.

Source : LaPresse.ca, Marie-Claude Malboeuf & Francis Vaille, septembre et octobre 2012